Ô, rage

Un jour, un collègue facétieux m'a dit, le sourire aux lêvres, qu'on n'arrivait pas à me mettre hors de moi. S'il avait su, il n'aurait sans doute pas essayé.

Je crois que je ne me suis mis en colère jusqu'à sortir de mes gonds, jusqu'à en perdre la tête, qu'une seule fois dans ma vie. Pourtant, je commençais tôt. Je devais avoir une petite dizaine d'années et je partageais encore ma chambre avec ma petite soeur de six ans ma cadette.

Je serai bien incapable aujourd'hui de vous dire le sujet de la dispute, sûrement une crise d'autorité étant donné que j'avais déja eu à jouer le rôle du père en l'absence de mes parents, avec suivi de la toilette, préparation du repas et couchage.

Toujours utile que le ton est monté, suffisamment pour que ma mère vienne voir ce qui se passait dans notre chambre située à l'autre extrémité de l'appartement. Je n'arrive pas à imaginer le cheminement de sa pensée au vu de la situation: je tenais, fermement, sous mon bras gauche ma petite soeur et ouvrait de la droite la fenêtre.

Reste la question essentielle, jusqu'où serais-je allé si ma mère n'était pas intervenue ? Le troisième étage ne pardonnant guère, comment aurais-je vécu ce fratricide ?

A quoi bon, me direz-vous, me poser ces questions puisqu'on ne peut refaire le chemin en sens inverse ni défaire ce qui a été fait. Elle reste pourtant et m'a sans doute aidé à ce que ce genre de scène ne se reproduise pas. Alors, désormais, je râle, je peste, je grogne, je vitupère mais jamais, au grand jamais, je ne perds le contrôle de mes actes.

Comments

[berlioz]

Telle> Désolé, je n'ai pas vu le film, j'aurai donc du mal à soutenir ou non la comparaison. Je suis d'accord, on ne refait pas l'histoire, ce qui n'empêche pas de se poser des questions.

[telle]

dis, savoir ce qui aurait pu arriver ou ne pas arriver si tel ou tel événement était survenu, c'est un peu le thème du film The Butterfly Effect. Je n'ai pas adoré mais bon, c'est ce à quoi j'ai pensé en lisant ton message.

[l'oeuf dur]

Maître Zen, j'ai nommé professeur Berlioz, toute mon admiration devant un tel sang-froid ! J'ai bien ri en t'imaginant!

[berlioz]

Calou Yoda> Il ne faut pas désespérer. Un jour viendra, petit scarabé.

[Yoda]

Ô grand maître, dis moi qu'un jour, maître de mes émotions, je serai ;-)
(c'est pô gagné ...)