J'écoute et j'obéis
Stravinsky, en plus d'avoir un sacré flair (qui ne connaît pas la célèbre truffe du père Igor ?), a révolutionné la musique du vingtième siècle. Souvenez vous du scandale provoqué par les ballets russes lors de la première représentation du 'Sacre du printemps'; musique de sauvages, pratiques de sauvages, beaucoup d'encre et d'épithètes furent versés après la première représentation en 1913. Il faut dire que, pour l'époque - Debussy est encore vivant, Igor avait fait fort; polytonalité, superposition de rythmes différents, tout est là pour produire des déséquilibres qui ne seront pas du goût de tout le monde.
Mais, ce n'est pas de cette oeuvre dont je veux vous parler. En fait, comme j'hésite entre deux, je vais vous parler des deux.
L'histoire du soldat (1917) est un opéraminiature conçut pour être ambulant. C'est la fin de la première guerre mondiale, mais personne ne le sait encore, et la formation est très petite. Sept instruments, deux acteurs un récitant. Le livret écrit par le poète Suisse Ramuz raconte la lutte d'un soldat avec le diable qui lui a pris par la ruse son petit violon. On y retrouve les thèmes chers à plusieurs cultures, la "richesse ne permet pas d'acheter l'amour" et "on ne peut avoir ce qu'on a et ce qu'on avait". En écoutant, en se rend compte que sept instruments, violon, contrebasse, basson, trompette, trombone, clarinette et percussions permettent beaucoup de variations. On retrouve la clarinette expressionniste avec des mélodies très calme, la fougue imposée par le trombone ou la trompette et un violon qui sait être multiple.
Pour choisir une interprétation, penchez vous sur le nom des acteurs car ils sont le ciment de l'oeuvre, une version qui serait dite par un moldo-valaque à l'accent douteux gâcherait tout le plaisir de l'écoute.
Oedipus rex (1927) est un mini opéra, dans le sens qu'il est assez court et, s'il est chanté contrairement à "L'histoire du soldat", il comporte lui aussi un récitant. La grande particularité de l'oeuvre, c'est la langue choisie pour toute la partie vocale, le latin. La récitant est justement là pour rappeler l'histoire au fur et à mesure du développement. Je ne vous ferai pas l'injure de vous résumer l'intrigue, sachez seulement que l'histoire ne raconte que la fin d'Oedipe. L'écriture est beaucoup plus classique, beaucoup plus mélodique, Stravinsky pastichant l'opéra de Haendel, jouant avec les personnages comme les dieux le font dans l'histoire classique. La non plus, je n'aurai pas de version à conseiller, évitez simplement un récitant à la Depardieu ou un à l'accent incompréhensible, à symptôme identique, traitement identique.
La prochaine fois, je vous parlerai de Belà Bartok, ça crissera plus dans vos oreilles.