Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Ma vie, mon oeuvre
17 novembre 2005

Sous le signe du sagittaire

Il me faut tout de même vous parler non pas de mon compositeur de chevet, je pense l'avoir déja fait, mais d'un disque de chevet ou, pour être le plus précis possible, de trois disques de chevet mais une seule oeuvre. Ce sont les Kleine Geistliche Konzerte de Heinrich Schütz.

Pour commencer, (re)situons ce brave homme dans le temps et l'espace. Il est né en Allemagne en 1585 soit exactement cent ans avant Jean-Sébastien Bach. S'il a appris la musique de maîtres allemands il est allé complèter sa formation en Italie entre autre auprès de Giovanni Gabrielli ce qui s'exprimera directement dans ses Madrigaux Italiens publiés à Venise, véritable cours d'écriture musicale en dix-huit leçons.
Heinrich Schütz retournera en Allemagne à la mort du maître et il sera rapidement appelé à la cour de Dresde pour remplir les tâches multiples d'un Cappel meister[1]. Puis la guerre de trente ans bouleversera la vie du compositeur par un rognement des crédits qui lui sont alloués, la musique n'étant plus vraiment la priorité de son employeur.
C'est dans ce cadre qu'il va s'attaquer aux petits concerts spirituels qui sont des petits bijoux de dénuement et de simplicité. Ils sont écrits pour voix seules, entre une et cinq, accompagnées simplement par une basse continue, traduisez par un orgue. Les voix sont simples, peu d'ornements, les lignes mélodiques épurées se détachent sobrement comme des pierres sculptées dans les églises romanes; rien pour distraire l'attention de l'auditeur de la piété profonde du compositeur, mais aucun ennui à condition, peut être, de ne pas écouter les 55 pièces à la suite. L'ordre du catalogue, qui n'est peut être pas celui de l'écriture, marque une progression, d'abord les voix seules, puis les duos, les trios, etc, les voix aiguës en premier, les graves ensuite.

Je suis toujours tenté découter ces pièces en ne faisant absolument rien d'autre, si possible dans une certaine pénombre pour me laisser pénétrer par ces voix. Il faut dire que l'enregistrement[2] que je possède a été fait dans un souci de reconstitution peut être un peu trop rigoureux; les voix aiguës sont chantées par des enfants, aucune fioriture, dans un pur esprit baroque de la réforme. J'ai l'impression alors de voir défiler des guirlandes de notes qui s'accrochent, s'enroulent, fusionnent, dansent pour dessiner les plus belles des mélodies. Je ne m'en lasse pas un seul instant. D'ailleurs, en ce moment, pendant que j'écris...

[1] Maître de chapelle, pour ceux qui ne comprennent pas le teuton.
[2] Solistes du Tölzer Knabenchors, direction Gerhard Schmidt-Gaden, enregistré en 1987et 1988, édité par Capriccio (Delta).

Publicité
Commentaires
G
Ca donne envie (de leur prêter l'oreille). <br /> <br /> J'aime beaucoup ton expression "un disque de chevet".
L
"les lignes mélodiques épurées se détachent sobrement comme des pierres sculptées dans les églises romanes..."<br /> alors j'aimerais...<br /> tout ce qui est épuré est magnifique<br /> ...dit elle en ajoutant plein de trucs qui gigotent sur son blog...
Ma vie, mon oeuvre
Publicité
Derniers commentaires
Publicité