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Ma vie, mon oeuvre
14 janvier 2006

Besoin pressant

Tandis que Lobita rafraîchi notre mémoire en roulant les cailloux du vieux Français, avec ses mots qui sonnent comme glas et tonnent comme la colère divine, je vais faire ressurgir les poètes de la renaissance en insistant sur une particularité de la littérature de l'époque, la liberté sans frein. Aucun sujet n'est tabou et on appelle un chat un chat. Ainsi Clément Marot nous raconte une petite histoire toute croquignolette qui laisse supposer que l'amour libre l'est depuis longtemps.

Martin menait son pourceau au marché
Avec Alix qui en la plaine grande
Pria Martin de faire le péché
De l'un sur l'autre. Et Martin lui demande
"Et qui tiendra notre pourceau, friande ?"
"Qui ? dit Alix, bon remède il y a"
Lors le pourceau à sa jambe lia
Et Martin juche qui lourdement engaine.
Le porc eut peur et Alix s'écria:
"Serre Martin, notre pourceau m'entraîne!"

Peut être aussi faut il y voir le fait que ces écrivains ne sont pas issus de la noblesse et qu'ils s'intéressent aux petites gens, les regardent vivre et utilisent leur écriture comme témoignage. Quand on rapproche ça de la mise en musique de ce poème par Clément Janequin, contemporain de Clément Marot, lui qui a mis en musique les cris de Paris, de ses marchands qui se hèlent d'une rue à l'autre et vantent leurs beaux légumes, on aura compris qu'il existait un mouvement poussant à s'emparer d'un bien quasiment réservé à une élite pour l'apporter à tous, un bien intellectuel fait de mots et de musiques.

Clément Marot est mort il y a quatre cent quatre vingts ans cette année ce qui me fait penser qu'il faudrait peut être recommencer.

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Commentaires
G
Il était marrant, Marot<br /> (oui, bon, je sais, mais il est un peu tard)
L
Ce que tu écris ne me surprend pas du tout: dans les langues et les littératures il y a eu beaucoup de "mouvements de balançoire" et au cours de ces mouvements, plus d'une fois, le trivial a nourri le sublime et vice-versa. En Italie par exemple les écrivains ont longtemps utilisé deux langues, le latin pour les sujets "sérieux" (théologiques, historiques, politiques) et le "vulgaire" pour les sujets considérés comme "légers" (poèmes d'amour, vers satyriques etc.);puis Dante a décidé d'écrire un poème sérieux en langue vulgaire, et voilà que les tournures populaires et les métaphores les plus colorées ont eu leur droit de cité dans la poésie sublime. Le poème que tu cites par contre me rappelle des anecdotes tout à fait contemporaines que m'ont raconté des amis médecins (jeux amoureux un peu trop imaginatifs qu se sont terminés aux urgences).
E
Ce "besoin pressant" a quelque chose de rafraichissant, peut être par sa simplicité populaire qui se moque des faux semblants de l'élite.
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