Le thé nuit
Que Paris est belle la nuit et qu'il fait bon s'y promener, même quand la température ne prète pas à la contemplation béate et prolongée de ses monuments. Cette nuit, c'était le cas et on pouvait même voir les mouettes qui, le long de la Seine, accompagnaient les bateaux mouches en volant dans le faisceau des projecteurs pour se réchauffer le dessous des ailes.
J'aime toujours autant la tour Eiffel quand elle se drape dans sa tenue scintillante et qu'elle joue au phare de haute mer. L'avenue de Ségur offrait une magnifique perspective sur cet événement horaire. Pour se réchauffer, un petit thé fut le bienvenue diffusant dans mes entrailles une douce chaleur réconfortante. Malheureusement, le temps passe vite, surtout quand on voudrait qu'il s'arrête et il m'a fallut quitter l'oeuf dans lequel habite Mélisende.
Trop tard! Le dernier métro avait filé sans m'attendre ni demander son reste. Il fallait trouver une solution de remplacement. Les autobus ? Les nocturnes sont assez rares et la perspective de devoir en prendre deux pour rallier mon nid ne m'enchantait guère. Un taxi ? Pourquoi pas, après tout ils sont fait pour ça. Encore faut il en trouver un. Prenant mon courage à deux mains et mes pieds pour le moyen de transport le plus sûr, je me dirige vers la Seine pensant qu'il y aurait plus d'agitation donc plus d'opportunités. Que néni point! Les rares préposés au transport privé interrogés ne daignaient pas vouloir se déplacer jusqu'à ma tanière située dans une banlieue bien trop risquée à leurs yeux. C'est ainsi que, bon gré mal gré, j'ai rejoint la gare Saint Lazare, point de départ de ma déambulation nocturne.
Là, le deuxième essai fut le bon, j'étais pris en charge, je pouvais souffler et espérer avoir une nuit. Je me laissai bercer par véhicule navigant dans une circulation quasiment inéxistente.
Arrivé enfin dans mon chez moi, il m'a fallut tout de même mettre bien en évidence sur ma table ce qu'il ne me fallait pas oublier de prendre lors de mon départ, somme toute, fort proche; mes ablutions furent rapides et je m'en allai enfin rejoindre Morphée.