En mai, fais ce qu'il te plait
Je me souviens de mai 68. J'étais un petit garçon et c'est le moment que mes parents ont choisi pour déménager. Nous sommes ainsi passés d'un quartier à l'époque populaire, grâce sans doute à la présence d'usines dont celle de construction automobile de la marque aux chevrons, pour un autre très bourgeois depuis bien longtemps, sans doute à cause de nombreux ministères et ambassades.
J'ai terminé mon année scolaire dans le premier, prenant deux fois par jour, le bus numéro quatre vingts qui a été l'un des dernier à avoir cette plate forme arrière permettant la montée des passagers. Le receveur avait autour de la taille une sacoche où il rangeait la perception du montant des courses et une petite machine avec une manivelle pour oblitérer les tickets qu'on lui présentait.
A l'époque, il y avait encore la distinction entre tickets de métro, au format actuel mais de couleur jaune, et des petits tickets plus étroits, vendus en accordéons, dont le nombre variait en fonction de la longueur du trajet.
J'aimais particulièrement, surtout en ces jours d'été naissant, passer le temps sur la plate forme à regarder le va et viens des passagers réels et potentiels, le manège du receveur indiquant au conducteur à l'aide d'une poignée suspendue qu'il pouvait reprendre sa route et le fil qui courrait à l'intérieur de l'autobus le long du toit qu'il fallait tirer d'un coup sec pour signaler sa volonté de descendre à l'arrêt suivant.