Hâlée la France (2)
Le métro est plein de surprise et mon aventure relatée il y a peu a connu une récidive avec variation sur le thème.
Cette fois ci, je sortais de la rame et m'apprêtais à quitter la station République. Dans un couloir, je vois alors, alignés le long d'un mur recouvert du carrelage blanc caractéristique du métro parisien, les uns derrière les autres, une longue file d'hommes plus bruns les uns que les autres avec sur le visage au teint qu'on acquière qu'en naissant de l'autre côté de la Méditerranée aucune expression, ni impatience, ni colère, ni déception, seulement une certaine fatigue.
Sans me poser trop de questions, je me mets derrière le dernier, attendant mon tour.
Je me suis fait vertement tancer par un gardien de la paix que je n'avais pas vu au premier abord, même si j'en avais senti la présence avec quelques uns de ses collègues. Il me demande d'un ton non plaisant ce que je faisais là. Je luis ai répondu que s'il y avait une distribution de quelque chose je voulais en être. Sans même sourire, il m'a bien fait comprendre qu'à part des coups de matraque ou une reconduite à la frontière (oui, mais laquelle ?), je n'avais rien à attendre de particulier.
Peut être que si nous avions été plusieurs à avoir le même réflex l'opération aurait pu avoir un impact quelconque. J'ai eu seulement la satisfaction d'avoir la conscience tranquille, d'avoir essayé de faire ouvrir les yeux aux passagers errants dans ce même couloir, leur faire lever la tête un instant pour qu'ils comprennent la vie de ces pauvres malheureux qui ne sont là que pour vendre, à bas prix, leur sueur et repartir après dans leur trou à misère.
Aujourd'hui, une telle intervention serait de l'ordre de la performance artistique, à moins d'être un groupe, une sorte de commando (heureusement, de tels comportements collectifs existent, par exemple lors d'expulsions violentes dans les avions de ligne) que le téléphone cellulaire pourrait constituer dans des délais rapides. En dehors de ce contexte, je crains que ce ne soit la garde à vue pour obstruction à la justice ou trouble de l'ordre public.