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Ma vie, mon oeuvre
6 juillet 2007

Hâlée la France (2)

Le métro est plein de surprise et mon aventure relatée il y a peu a connu une récidive avec variation sur le thème.
Cette fois ci, je sortais de la rame et m'apprêtais à quitter la station République. Dans un couloir, je vois alors, alignés le long d'un mur recouvert du carrelage blanc caractéristique du métro parisien, les uns derrière les autres, une longue file d'hommes plus bruns les uns que les autres avec sur le visage au teint qu'on acquière qu'en naissant de l'autre côté de la Méditerranée aucune expression, ni impatience, ni colère, ni déception, seulement une certaine fatigue.

Sans me poser trop de questions, je me mets derrière le dernier, attendant mon tour.

Je me suis fait vertement tancer par un gardien de la paix que je n'avais pas vu au premier abord, même si j'en avais senti la présence avec quelques uns de ses collègues. Il me demande d'un ton non plaisant ce que je faisais là. Je luis ai répondu que s'il y avait une distribution de quelque chose je voulais en être. Sans même sourire, il m'a bien fait comprendre qu'à part des coups de matraque ou une reconduite à la frontière (oui, mais laquelle ?), je n'avais rien à attendre de particulier.

Peut être que si nous avions été plusieurs à avoir le même réflex l'opération aurait pu avoir un impact quelconque. J'ai eu seulement la satisfaction d'avoir la conscience tranquille, d'avoir essayé de faire ouvrir les yeux aux passagers errants dans ce même couloir, leur faire lever la tête un instant pour qu'ils comprennent la vie de ces pauvres malheureux qui ne sont là que pour vendre, à bas prix, leur sueur et repartir après dans leur trou à misère.

Aujourd'hui, une telle intervention serait de l'ordre de la performance artistique, à moins d'être un groupe, une sorte de commando (heureusement, de tels comportements collectifs existent, par exemple lors d'expulsions violentes dans les avions de ligne) que le téléphone cellulaire pourrait constituer dans des délais rapides. En dehors de ce contexte, je crains que ce ne soit la garde à vue pour obstruction à la justice ou trouble de l'ordre public.

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Commentaires
G
Lucie Aubrac faisait ça aussi. <br /> (mais avec davantage de succès du fait de sa notoriété). Moralité : Berlioz, devient célèbre avant de contester. :-) <br /> <br /> J'ai failli être tentée l'autre soir à la sortie Porte de Clichy où se faisaient embarquer des types qui vendaient des fruits à la sauvette et où pendant qu'ils y étaient les policiers arrêtaient certains des voyageurs effectivement plus que bronzé qui sortaient du métro. Mais c'était fait de telle façon qu'on pouvait supposer qu'eux aussi avaient contrevenu à quelque chose, c'est juste parce que j'ai reconnu un de mes voisins de strapontins que j'ai pigé qu'ils arrêtaient aussi des passants. Difficile dans ce cas de contester quoi que ce soit. <br /> <br /> Mon mari, un ancien blondinet, se balade fréquemment sans carte d'identité, au prétexte que lui on le le contrôle jamais. J'ai tenté de l'intimider en lui faisant remarquer qu'on pourrait facilement le prendre pour un plombier polonais, il en a d'ailleurs certaines origines, mais bon, les blonds aux yeux clairs sont moins contrôlés, c'est un fait.
B
Joye> Bien sûr, c'est la même chose. C'est aussi un moyen pour faire pression sur les salariés "ordinaires" pour qu'ils acceptent tout et n'importe quoi pour un salaire de misère.<br /> <br /> Solange> Je suis d'accord, ça n'apaise pas tellement; ça inquiète plutôt. par contre, je pense que nous pouvons changer le monde, il suffit de s'y mettre à suffisamment.<br /> <br /> Fauvette> En effet merci, tu fais bien de le rappeler. Ca ne fait qu'ajouter de l'eau à mon moulin.
F
Belle réaction. Mais cela existe déjà dans le quartier Belleville, afin d'éviter les rafles d'enfants sans papier à la sortie des écoles.. RESF a organisé un réseau et prévient les gens sur le portable, et les habitants du quartier sifflent, c'est le signal, les gens sortent de chez eux et font ou tentent de faire obstruction. Parfois cela marche... (Je n'habite pas ce quartier, on m'a raconté, et je salue l'action de ces frères humains).
S
ta réaction est pleine d'humanité. petit geste, petit regard, petit réflexe, petites réflexions, tout cela peut "ouvrir" une autre conscience, celle de l'autre qui s'en balance, mais de là à avoir sa propre conscience tranquille, je ne suis pas certaine que cela m'apaiserait. Mais puisque nous savons que nous ne pouvons pas changer le monde, c'est sûrement une excellente manière, citoyenne, de réagir.
J
Est-ce que c'est le même "problème" en France qu'ici ? À dire qu'on préfère employer les clandestins qui travaillent pour trois fois rien afin que les consommateurs ne paient pas trop pour leur quoiquecesoit ? Ici, ce n'est pas les ouvriers qui manquent, c'est les gens qui veulent bien payer ce que vaut le travail difficile. Tant qu'il y a des gens qui veulent le faire pour quasiment rien, cela nuit aux ouvriers qui cherchent de quoi se nourrir eux-mêmes, non ?
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