Au pays de la glace
Malgré une présentation à l'américaine, malgré une accroche ronflante (thriller glaçant, glaçant parce que islandais, ha, ha), Jar City est un film remarquable pour plus d'une raison. En tout premier lieu, le scénario tiré du livre éponyme est très ben ficelé, sans faille et sans coup de théâtre à faire frémir, mais la mise en scène a aussi son importance parce qu'elle privilégie l'introspection humaine pour en comprendre la douleur indicible, le moteur de beaucoup de nos actes. Aucun personnage n'est entier, sans faille ni accroc, la solitude des uns, la drogue du désespoir d'autres, le refuge dans les tics ou les mensonges font qu'ils nous ressemblent. De plus, le paysage islandais vient soutenir l'ensemble par ses entre villes déserts, des landes à moutons ou des rocailles volcaniques.
Mais parlons aussi de l'interprétation qui ne peut avoir de sens que si vous allez le voir en version originale. L'apparente froideur de l'inspecteur n'est qu'une façade, comme celle du film qui est truffé de petites pointes d'humour à l'anglo-saxonne, très pince sans rire. Je recommande particulièrement la scène de la tête de mouton, plat préféré du personnage principal.
Vous ne trouverez pas les images auquelles nos voisins d'outre atlantique nous ont habitués, pas de litre d'hémoglobine, pas de ralenti pour suspendre l'action, pas d'image de synthèse. Enfin un film qui cherche à nous faire plaisir par son contenu et pas seulement son contenant.