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Ma vie, mon oeuvre
11 décembre 2008

Couper court

Je ne parle que rarement de mon boulot, et le lieu ne se prête pas à un début d'épanchement. Par contre, mes activités syndicales se heurtent violemment aux réalités de la gestion humaine de mon entreprise, et ça fait mal. De ce côté là j'ai parfois besoin de déverser le trop plein d'émotion ou de rage ou de colère ou de désespoir.

Hier je suis allé accompagner une collègue à son entretien préalable à un licenciement, procédure qui est sensée permettre de prendre une décision alors que chacun sait qu'elle est déjà prise. Dans le cas qui m'intéresse, la personne accompagnée à passé la cinquantaine et les trente années d'entreprise; aucune évolution de carrière, brinquebalée au gré des rachats successifs jusqu'au dernier qui voit son poste supprimé avec un reclassement dans un métier qui n'a rien à voir avec le sien, sans perspective, sans changement de son salaire.

Alors bien sûr, si elle décide de porter son cas devant les tribunaux prudhommaux elle obtiendra réparation, une compensation financière. Mais qu'en sera-t-il de sa vie ? Qu'en sera-t-il du regard des autres ? Que restera-t-il de son amour propre au regard de la mention "pour incompétence" en face de la raison de son éviction après trente ans de bons et loyaux services ?

J'ai l'impression d'avoir devant mes yeux vu écraser la vie d'une personne, avoir vu tomber le couperet sur son cou et je n'arrive pas à m'en remettre.

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Commentaires
E
en fait + on est impliqué-e dans son travail et + les dégâts sont lourds ; et en + de tout cela vient s'ajouter les difficultés matérielles (manque d'argent). Quand on vit quelque chose de difficile, avoir les moyens financiers de faire face, ou de se "distraire", c'est une aide énorme pour surmonter. Or là bien entendu, c'est cumulé, diffultés sur difficultés. Après quand on retrouve un travail il y a quelque chose de cassé. C'est important de savoir que la société est 'kleenex' et que ça n'a rien à voir avec la valeur humaine et professionnelle de la personne.
F
J'enrage pour toi... Si je puis me permettre vous avez au moins la chance d'avoir des syndicats dans ton entreprise... Nous non.<br /> Bon courage, même si c'est plié, il faut être là.
P
Nous vivons une époque éprouvante, difficile à soutenir moralement et je comprends que tu écrives: "Je n'arrive pas à m'en remettre". Quelle désolation, après trente ans dans le même organisme, sans augmentations, sans considération particulière, d'être éjectée purement et simplement parce qu'on supprime son poste. Et à un âge où il semble qu'on n'est plus "bon pour le service", parce que, 50 ans, c'est vieux! Mais où allons-nous? Le couperet joue partout; hier, la fille d'une amie, coiffeuse, a été remerciée "pour incompétence"! mais en fait parce qu'elle attend un bébé. Le service de chômage, heureusement, a convoqué le patron: la jeune femme travaille chez lui depuis quinze ans! Incompétence?...Elle risquait de perdre son droit au chômage si c'était vrai. Et apparemment le patron n'en avait cure! Que devient l'humain, dans nore société?...
M
bravo pour ton combat.
B
Joye> Bien sûr+, on ne mérite pas, mais je crois qu'il est difficile de ne pas se remettre en question dans une telle situation. C'est peut être une caractéristique du français, mais je ne crois pas à sa spécificité, de s'investir dans son travail et d'en attendre une certaine reconnaissance. Se faire jeter après trente ans est rapidement traduit en "je suis nul", d'autant plus qu'il très difficile de trouver du boulot passé un certain âge.<br /> <br /> Michèle> Je peux être là, et je l'ai été, avant le fameux entretien et pendant, encore aujourd'hui dans l'attente de la décision qui ne fait aucun doute, mais après il me faudra passer le relai, la famille, les amis, même si mon téléphone est toujours disponible pour écouter les "sortis" car, malheureusement, il y en a d'autres qui attendent leur tour...
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