Stratégie de l'élimination
Il y a quelque chose de magique dans le comportement du corps humain; pour peu qu'un corps étranger parvienne à s'y glisser il manifeste par de multiples symptôme son mécontentement et sa ferme volonté de s'en débarrasser. Les stratégies utilisées alors sont plus ou moins efficaces et entraînent parfois de la fièvre voire le décès du porteur, ce qui peut être aussi une méthode d'élimination du problème.
Voyons quelques exemples en prenant comme objet de notre étude mon nez qui se voit le centre d'une attaque depuis hier matin. Poussière, pollen, insecte minuscule, je ne sais ce qui en est l'origine mais j'ai ressenti violemment dans le métro comme une piqûre dans le haut de la fosse nasale, comme un intrus égaré là qui aurait décidé d'y élire domicile.
Une fois les informations transmises à l'ordinateur central, le cerveau, les mesures d'urgence ont été prises; mon nez s'est mis à secréter une substance aqueuse très fluide qui, grâce à la gravité, a dévalé les
pentes de mon appendice respiratoire comme une fontaine au printemps. Je me suis donc mis à alterner les mouchages avec les changements de mouchoir à un rythme effréné, ce qui a rendu assez chaotique la lecture de mon journal. Mais cela n'a pas été suffisant. Du coup, les petits chatouillis ressentis dans le haut du nez se sont transformés en éternuements tonitruants et répétés provoquant des douleurs dans les
côtes et mes abdominaux rachitiques. Ces deux méthodes ne suffisant pas à extraire l'intrus, les glandes lacrymales au dessus de l'oeil droit se sont mises en action. Le canal du même nom reliant le coin de l'oeil au
nez n'étant pas suffisant pour assurer le drainage complet, je me suis mis à pleurer abondamment sans aucune raison apparente.
Et quand c'est fini, ça recommence. Je suis épuisé. En plus, après vingt quatre heures de ce traitement, je ressens toujours le minuscule allien blotti dans un pli de mon tarin. Mais que font les Men in Black ?