La voie lactée
Je me souviens que dans mon enfance, j'allais chercher le lait en vrac dans la crèmerie qui se trouvait au rez de chaussée de notre immeuble. La crémière plongeait dans le bac en acier inoxydable une mesure au long manche puis en versait le contenu dans le pot en aluminium qui contenait trois litres. Étant six à la maison, trois litres étaient notre consommation quotidienne entre les petits déjeuners, les goûters et d'autres choses encore. Ma mère faisait bouillir le lait avec au fond de la grande casserole une sorte de petite soucoupe en vert qui empêchait le lait de se sauver. Après refroidissement, elle recueillait précieusement le mélange de crème et de caséine qui recouvrait le liquide; c'est la matière première idéale pour toutes les bonnes tartes que nous aurions par la suite. Ensuite, une partie du lait servait aussi à la confection de yaourts maison.
Avec l'interdiction de la vente en vrac, pour raison d'hygiène parait il, le lait ne présentât plus jamais cette peau aux vertus si délicieuses et la préparation pour yaourts ne prit plus. Il fallut alors se contenter de la crème fraîche ou du beurre pour la confection de la pâte à tartes et du lait en poudre pour les yaourts.
Depuis, je n'ai jamais réussi à retrouver ces deux goûts inimitables et j'en garde une certaine tristesse nostalgique.