Dors, je le veux

Il faut tirer fermement par les cheveux et les extirper de la nuit les fragments de rêves qui persistent au petit matin, pour les brandir sous le soleil et les regarder en face, ne plus avoir peur. Tu ne rêves pas ? Mais si, tu rêves, tu rêves forcément. Regarde devant toi les branches des arbres, ne vois tu pas comme elles te font signe ? elles t'appellent à venir les rejoindre en agitant leurs feuilles encore vertes. Et les brins d'herbes folles qui agitent leurs cils dans le vent, sont ils réels ? Ce ne sont que les petits lutins malicieux qui guettent ta respiration régulière. Tu dors ! tes paupières sont lourdes et tu sembles voir au travers mais, même allongé dans les blés ce n'est pas le paysage que tu vois, seulement l'idée que tu t'en fais mêlée à un vague souvenir, une impression fugace de la mémoire comme lors d'un passage en train, une ville traversée de nuit ou un roman qu'on a abandonné après le premier chapitre. Tu dors et, si tu te réveilles, n'oublie pas d'empoigner les restes d'images, de ramasser les parcelles de pensées, de conserver les poussières des rêves passés, il ne faut rien laisser derrière toi dans ta nuit une fois évaporée.

Photo généreusement mise à ma disposition par Telle.

Comments

[telle]

Va savoir pourquoi, ton texte me fait penser aux rêveries de Wictoria.

Pas toi ?

bravo (et merci)

[lilou la teigne]

Chapeau bas monsieur, tu as l'âme d'un poète.

Je m'en vais de ce pas rêver.....