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Ma vie, mon oeuvre
3 janvier 2010

Sur le banc

Elles n'avaient pas l'air surprises de me voir, comme si elles s'attendaient à ma visite, à mon passage par leur jardin secret, alors que l'idée venait juste de m'en traverser l'esprit. Elles papotaient sous l'orme épargné, la terrible épidémie l'ayant quasiment fait disparaitre, une théière pansue, deux tasses assorties et une petite assiette couverte de biscuits posées sur la table en bois devant elles.

Va te chercher une tasse et rejoins nous, me dit Veronika en plantant ses grands yeux verts au fond des miens. Je suis donc bien obligé de m'exécuter et approche une chaise pour faire face à leur banc. Plutôt que de me demander des nouvelles elles reprennent la conversation que nous avions laissée en suspens trois ans avant, alors que des valises m'attendaient pour un départ qui ne nécessitait pas forcément un retour. Nous remettons donc sur le tapis les projets en cours, les amours interrompues, les amis disparus, les petites peurs et chagrins du moment, une façon de remettre à jour nos agendas et répertoires communs. Elles n'ont pas vraiment changé, elles se sont juste un peu ratatinées comme deux pommes laissées à l'air libre, tout en gardant leurs jolis couleurs du printemps. Le sourire ne les quitte pas malgré les longues années de souffrance et d'inconfort, à vivre dans des maisons non choisies et avec des hommes non désirés. Elles pourraient être mes grand mères et je me prends à regretter que cela ne fut point; je pouvais échanger avec elles en une heure plus que je n'avais jamais pu en une vie de mes aïeuls. On devrait pouvoir choisir sa famille.

Photo fournie gracieusement par Julie. Merci à elle.

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Commentaires
L
Avec qu'elle facilité je pourrais croire que cette histoire si joliment tournée est vrai.<br /> <br /> merci, voilà une année qui commence bien
K
Elle sont mignonnes, ces mamies. On a envie de leur souhaiter une bonne année, et mêmes quelques autres en prime. <br /> <br /> Mais je ne t'oublie pas : belle année 2010 à toi !
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