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Ma vie, mon oeuvre
27 mars 2010

Est il libre Max ?

La petite oreillette noire ne couvre pas complètement le pavillon de son oreille, on distingue encore le lobe qu'il a court. Un mince tube métallique s'élance vers l'avant s'arrêtant à quelques centimètres de ses lèvres. Face à son écran il prend note des questions et tente d'y répondre, entend les problèmes et essaie de les résoudre. Évidemment, il a peu de contact avec ses voisins et collègues, quand on travaille dans un centre d'appels il y a peu de temps pour converser avec les autres.
Pourquoi donc se seraient ils étonnés de le voir se lever brusquement et sortir du bureau ? Après tout, après quelques appels téléphoniques, quelques appels au secours vient celui de la cigarette, petite ile de détente au milieu de la journée de labeur. Il est donc monté sur la terrasse. Arrivé sur les cailloux il a posé sur le sol son téléphone cellulaire et son badge, puis il a sauté.
Que s'est il passé dans sa tête ? Quel est le mot, dit ou non dit, qui a déclenché le passage à l'acte ?

Adolescent je me suis beaucoup interrogé sur la folie et son origine, j'étais hanté par les histoires de ces personnes à priori comme vous et moi qui, suite à un événement, un choc émotionnel passent de l'autre côté de la barrière. J'étais fasciné par la pièce de théâtre "Henri IV" de Pirandello qui raconte une telle folie. Étais-je à l'abri d'une telle bascule, étais-je à même de la voir venir ? Le suicide m'apporte tout autant de questions, sans doute à cause de ceux vécus de trop près et de ceux de membres lointains de la famille dont l'histoire était entrée dans les légendes colportées de génération en génération. Beaucoup de questions sans réponses puisque, par essence même, leurs auteurs ne peuvent y répondre.

Il n'empêche, les jours passent et je ne peux effacer cette seconde de mon esprit, sans doute parce que je suis humain moi aussi et que les autres humains m'importent. Nul n'est parfait.

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Commentaires
E
déjà ceux qui se suicident ne sont pas "fous", enfin pas plus que ceux qui vivent, c'est juste que la vie est insupportable à leurs yeux, c'est une façon de régler le pb radicale ... mais en fait ça ne règle rien puisque ça efface tout, il n'y a pas d'après : la personne n'est plus là.<br /> Tu écris "à priori comme vous et moi qui, suite à un événement, un choc émotionnel passent de l'autre côté de la barrière." ... en réalité si les gens étaient autorisés à verbaliser, exprimer leur mal-être, alors tu "verrais" le désespoir, le désarroi ... que les gens cachent si bien ! Ce n'est pas un "coup de folie", ou "un mauvais moment", c'est tout un cheminement plus ou moins long, mais vu du dehors effectivement, ça peut surprendre. Dans notre logiqeu nous "comprenons" les suicides de personnes très âgées, malades sans espoir, personnes ayant vécu des traumatisme que nous connaissons (deuil d'un conjoint, ou pire, d'un enfant) MAIS tout ce que nous ne voyons pas, ce qui ne se dit pas, est tout aussi ravageur. Peut être qu'un jour le mal être pourra se dire tout comme le mal aux dents ou le mal au dos ... alors pas mal de gens pourront être "récupérés", accompagnés, soignés, réconfortés. Mais le monde a une logique de rentabilité et non de bien être des citoyen-nes, et ceci de + en + donc ce pas près d'arriver.
G
J'allais poser la même question que kharacho.<br /> <br /> Sinon, je peux sans doute dire que personne n'est à l'abri. J'avais résisté à bien des choses, un appétit de vivre solide, une jeune fille malade à la maison et qui avait besoin de moi. Et puis à un moment quelque chose qui ressemble à mon pire cauchemar survient et qui dépasse mon entendement. J'ai perdu contact avec la réalité, j'étais en train de faire un cauchemar et il fallait à tout prix l'interrompre. Le bâtiment eût-il été élevé que j'aurais probablement sauté à travers la première fenêtre. Ma première chance fut qu'il s'agissait d'une ancienne usine réhabilitée donc de plain-pied et que dans ma fuite somnambulique j'ai croisé un homme qui me connaissait de vue, qui est attentif aux autres et que sans doute mon air spectral a alerté. Il m'a donc interceptée, le fait de parler m'a fait reprendre contact, a remis en route une zone du cerveau, comprendre qu'il s'agissait bien de la réalité même si insupportable.<br /> <br /> Ce n'est pas passé loin. Je sais que je ne souhaitais pas mourir, j'étais simplement en train de faire un cauchemar atroce dont il fallait sortir. Que c'était voisin d'un forme de folie puisque j'avais perdu le sens du réel. Que c'était effectivement dû à des paroles prononcées, mais pas par n'importe qui. Ce qui sans doute explique malgré d'autres coups durs entre-temps que ça ne me l'ait plus refait. Et puis c'était un coup dur sur fond de période déjà bien difficile. Le dernier rempart qui cédait. <br /> <br /> C'est d'ailleurs ce qui permet aux entreprises de se dédouaner des suicides de salariés : souvent ce n'est effectivement pas seulement le travail qui est en cause mais un ensemble d'éléments et le travail qui donne le coup de disgrâce, quand il n'est pas déjà à l'origine d'autres difficultés que la personne subit (par exemple dans sa vie familiale que sous l'effet du surmenage requis il peut avoir négligée).<br /> <br /> J'ai été longue, pardon, mais il me semble que tu attendais des réponses. En peu de mots c'était compliqué.
K
C'était une de tes connaissances ? :-(<br /> <br /> Sinon je suis d'accord avec toi, personne n'est à l'abri de "dévisser" un jour ou l'autre. Ca fait peur, pour soi, pour ses proches...<br /> Mais je ne suis pas non plus certain que l'on puisse percevoir la profonde détresse de celui qui a décidé de commettre l'irréparable. Peut-on aider, empêcher ? Peut-être, peut-être pas...
L
Le suicide un acte que je ne comprends pas et qui pourtant m'a touché de près.<br /> Il est là et zou il est plus là....pourquoi un tel geste, pourquoi ce sentiment que pour l'autre soudain plus rien ne peux exister.<br /> Folie ou terrible solitude, appel au secours muet.<br /> J'aime tant la vie avec son rose et son noir que je n'arrive pas à comprendre le pourquoi d'un geste si irréversible.<br /> Max n'est pas libre
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