Je hais les jeunes (et les pigeons) !
On sonne à la porte. Dans nos immeubles modernes, ou modernisés, la première question qui vient à l'esprit n'est pas "qui cela peut il être" mais, "comment a-t-il fait pour ne pas passer par la case interphone". Nous avons l'habitude que les gens s'annoncent et on se retrouve tout surpris dès que ce n'est pas le cas. Il n'empêche, nous ne savions pas plus de qui il pouvait s'agir. C'était notre charmante et jeune voisine du premier. Elle venait nous prévenir qu'elle faisait une petite fête le lendemain soir et s'excusait d'avance car elle allait faire un peu de bruit.
Nous commençons à avoir l'habitude avec les fêtes tout à l'entour et puis, nous devions aller pique-niquer nocturnement avec quelques amis, ce ne serait donc pas un problème. A tel point qu'il a fallu, en en rentrant, franchir la porte d'entrée de l'immeuble et percevoir les première notes de musique et les premier cris pour que l'événement ressurgisse à la surface de notre mémoire. La fête était donc là, il allait falloir un peu de patience, d'autant plus que fenêtres ouvertes il était possible de danser chez nous sans musique ajoutée.
Il est normal qu'on fasse de temps en temps la fête, qu'on dépasse de temps en temps les limites de l'acceptable car la fréquence de telles événements est assez rare; et puis, en fin de semaine, il est plus facile de rattraper le sommeil ainsi volé.
Sauf qu'à deux heures du matin, quand à force de se tourner et retourner dans le lit il est impossible de trouver le sommeil, que toute période de silence relatif vous plonge dans une torpeur dont vous êtes tiré quelques secondes plus tard par le morceau suivant, que la trépidation des pieds martelant les pas de danse fait vibrer jusqu'à votre lit, il faut trouver un accord du juste milieu qui permette à chacun de continuer à vivre sa vie, sommeil pour les uns fêtes pour les autres.
Je me suis donc rhabillé pour aller sonner à la porte de ma jeune et charmante voisine du premier. Il a bien fallut cinq minutes pour que quelqu'un réagisse, non pas à la sonnerie qui ne devait pas s'entendre mais à mes poings martelant la porte. C'est sans doute une invitée (tout aussi jeune et charmante, bien sûr) à qui j'ai exprimé mon point de vue (de vieux con), demandant une baisse du volume sonore; la fête ayant commencé à vingt heures trente, réduire la voilure après plus de cinq heures ne me semblait pas exagéré.
Peine perdue, aucun effet, le sol tremblait toujours autant, la musique était toujours aussi bruyante, les convives braillaient toujours autant aux fenêtres ouvertes. Ma patience ayant des limites, je me suis permis (Oh! affreux monstre que je suis) d'appeler les forces de l'ordre pour en remettre un peu dans mon immeuble. S'ils ont bien pris mon appel je ne suis pas sûr qu'ils aient daigné se déplacer, d'autres interventions en cours sans doute plus prioritaires et des effectifs réduits par les politiques budgétaires et les vacances d'été. Ce qui fait que je n'ai sombré qu'après le départ du dernier convive aux alentours de quatre heures et demie du matin.
Je crois que je n'ai pas apprécié à sa juste valeur le doux roucoulement des pigeons sous ma fenêtre à partir de six heures.