Masochiste ?
Ce matin, comme je le fais régulièrement, je suis allé à
l'hôpital Robert Debré afin d'effectuer un don de plaquettes. Comment
cela se passe ? A l'entrée du service concerné, je suis accueilli par
une charmante jeune femme (Bonjour monsieur C*, Ça faisait longtemps
que je ne vous avait pas vue, Ah oui, la dernière fois c'était en
septembre, Bonne année alors!), qui me fait remplir un petit
questionnaire, afin d'avoir un court historique médicale, opérations
passées, transfusions, etc. Ensuite visite du médecin qui revois avec
moi le questionnaire, prend ma tension (tiens, j'ai oublié de lui
demander combien j'avais), rempli sa fiche informatique et m'emmène en
salle de torture. Je suis à nouveau enrhummé, il faut me faire un petit
comptage de globules blancs pour savoir si ma forme est compatible avec
le don.
Je suis mis entre les main d'une jeune infirmière. La
dernière fois qu'elle s'est occupée de moi, elle était enceinte
(Comment vont la mère et l'enfant ?, Bien, mais ma fille est un peu
malade mais, dans l'ensemble tout le monde va bien). Première piqûre
dans le bras gauche, petit prélèvement, envoi dans la machine, résultat
positif, on peut passer à la phase suivante.
Le fauteuil est mis en
position quasi horizontale, préparation du matériel, petites bandes
collantes, compresses, désinfectant, trocart. Vient le moment critique;
je ne peux pas regarder, c'est plus fort que moi, l'aiguille qui perce
la peau; mise en place de l'aiguille en deux temps, pas en place; c'est
la première fois que ça arrive. je respire, prend la balle et pompe.
Les premières gouttes vont dans une petite poche qui sert aux
prélèvements pour analyse. On me la pose sur le bras, je suis surpris,
c'est chaud.
Ensuite, tout se déroule tout seul, prélèvement
automatique, centrifugation, retour des globules rouges, le tout huit
fois de suite.
A chaque fois, le retour est une surprise, le sang
est plus frais, on le sent couler, on prend conscience du trajet du
liquide dans notre corps, de plus, un additif provoque des effets
secondaires, des vibrations au niveau de la cage thoracique, des
picotements aux lèvres, ce n'est pas désagréable, très dépaysant la
première fois.
Et puis, il y a monsieur C*, l'autre infirmier que je
vois régulièrement. J'ai l'impression de continuer la conversation que
j'ai pu avoir avec lui la fois précédente (Que faites vous comme
travail, déja ? ... Et le votre, pas trop difficile en ce moment ?),
j'apprends ainsi que l'Etablissement Français du Sang est un organisme
privé de service public (c'est compatible, ça ?), qu'il a un contrat de
salarié du privé, qu'on leur demande plus de rentabilité, à eux aussi,
qu'il n'y a pas d'embauche. Le malaise est palpable.
Une heure et
demi plus tard, que je n'ai pas vue passer grâce à cette ambiance très
détendue, peu avant la fin de mon effort, les picotements ressentis me
valent le droit d'avaler un verre de calcium. Imaginez de la craie
délayée dans un peu d'eau dont on cache le goût avec un peu de citron,
ma sigüe.
Un déjeuner léger viendra conclure la transaction.
Finalement,
j'ai un peu l'impression d'aller voir des membres un peu éloignés de ma
famille. On se reconnaît, on se raconte les épisodes plus ou moins
anodin de notre vie respective et on se dit à la prochaine. Ça vous
choque si je vous dit que j'ai passé un bon moment ?