Je ne me défilerai pas
Et c'est avec joie que les enfants lancent des pétards qui assourdissent nos jours et nos soirées, cherchant le lieu qui rendra le plus sonore possible l'explosion, affectionnant les cages d'escalier, les portes cochères, les poubelles renversées. Toutes ces mains tendues, également, au passage des avions déchirant le ciel parisien d'un bleu parfait, puis des hélicoptères, gros bourdons balourds faisant mentir la loi de la pesanteur, c'est l'ouverture du défilé du quatorze juillet, fête nationale française. Des militaires de toutes les armes vont défiler, fusils briqués, canons en érection dans la joie et la liesse populaire.
Comment ne pas imaginer les nombreux peuples répartis un peu partout sur terre pour qui ces uniformes, ces armes, ces avions sont autant de menaces, de craintes, de terreurs ? Comment oublier les enfants vietnamiens paniquant à l'approche des bombardiers qui vont semer leurs engins défoliants, détruisant la terre pour au moins cinquante ans ? Comment ne pas faire le lien avec tous les conflits qui ont traversé ma vie, toujours loin, toujours présents, que l'armée sois française ou non ?
Je rêve d'un défilé de corps de métier qui font vivre les gens tout au long de l'année, les boulangers, les pâtissiers (surtout les pâtissiers), les marchands de fruits et les bouchers, les maçons et les médecins, les enseignants et les sculpteurs, le tout survolé par des airbus; orienter enfin la fête nationale vers du non belliqueux. C'est trop demander ?
Edit de 22h45: l'album de ma promenade d'aujourd'hui est à droite.