Entre chien et loup
Le genre humain me réserve souvent des surprises, pas toujours bonnes. Ce matin a été le terrain d'un nouvel exemple de ce que je préfèrerais ignorer de mes contemporains, les petites lâchetés et les grands jugements à l'emporte pièce. Résumer la situation va être difficile, mais à coeur vaillant, rien d'impossible.
Deux femmes que j'aurais la plus grande difficulté à décrire, ne les ayant qu'entendues, entrent dans la rame dont j'occupais un des sièges, un de ceux qui permettent d'observer les quais mais pas ce qui se passe vraiment autour de vous. Puis une discussion au ton élevé a commencée entre elles; le sujet était difficile à maîtriser tellement le ton était élevé, les mots choisis et la prononciation bien typique de nos banlieues. Elles finissent par en venir au mains, rapidement séparées par un passager qui sera relayé par le conducteur peu de temps après.
La question, pour moi, n'est pas dans l'attitude de ces deux personnes qui voulaient en découdre, aucune des deux ne lâchant le morceau à l'autre, comme deux chiens sur le même os; non, je reste perplexe quant aux réflexions entendues autour de moi à son propos, aux jugements tranchés émis alors que nous ne connaissions de l'histoire que son achèvement. "Elle est folle, il ne faut pas faire attention", "Elle est droguée, c'est sûr", ces propos ce rapportant à celle faisant le plus de bruit, la population prenant partie pour l'une plutôt que l'autre. Mais j'ai aussi pu entendre un "Qu'on la foute dehors, on est déja en retard" qui m'a quelque peu stupéfié. Personne n'a demandé qu'on la pende haut et court mais nous n'en étions pas loin.
Comme quoi les être humains, en situation de crise (serrés les uns contre les autres, stressés par un éventuel retard, perturbé par des cris et des violences, nous sommes en situation de crise), peuvent changer complètement d'attitude et devenir dangereux pour les autres, ceux qui les entourent comme leur propre famille.
Pour faire le lien avec l'actualité fraîche, j'inviterai nos dirigeants à se méfier de la réaction des Français, surtout de ceux qui n'ont plus rien à perdre, plus rien qu'une vie misérable et sans avenir, qu'on a rayés de la société d'un simple trait de plume, ils risquent, un jour de s'en prendre par des moyens très violents à eux.