Révélations!
Telle, sans me lancer un défi me demande une introspection pour vous révélez quelques choses que vous ne sauriez pas de moi, cinq choses dont vous ne seriez pas encore au courant et vous permettraient de mieux me connaître. L'exercice n'est pas facile tellement j'ai l'impression de ne vous avoir jamais rien caché, mais je vais essayer.
1. J'ai eu durant quelques heures deux souris blanches dans leur grande cage que j'avais échangées contre mon jeu de monopoly qu'il ne me servait à rien de garder étant donné mon manque d'amis à cette époque. Ma mère à la vue de ma nouvelle acquisition a poussé des cris et m'a enjoint, sous peine sans doute d'être déshérité, de réaliser le troc à l'envers, de revenir à ce qui était avant afin que les punaises soient bien gardées.
2. En vacances à Cannes, où exceptionnellement nous étions en séjour estival, je jouais de temps en temps sur le balcon de l'appartement, je faisais le fou avec un de mes frères. Une fois que nous sautions (moi en tout cas), un morceau du balcon s'est détaché pour s'écraser sur le pied d'une passante. C'était sûrement à cause d'un fuite, d'une humidité excessive, mais j'en ai gardé un sentiment de culpabilité pendant des années.
3. Adolescent, autorisé à piocher dans la bibliothèque paternelle, j'étais à l'affût de livres aux passages croustillants permettant d'alimenter mes fantasmes naissants. Je commençais par les titres offrant de grandes perspectives mais souvent décevants quant au contenu pour suivre ensuite mon instinct. J'ai ainsi découvert, au début de l'ordre alphabétique, Georges Bataille, au milieu Henry Miller et, à la fin, le marquis de Sade. L'exploration s'est terminée par une humiliation publique lors d'un dîner, une révélation portée à la connaissance de tous et qu'il m'a fallut nier contre toute évidence.
4. Adulte, j'ai raconté à de jeunes collègues que je rêvais d'avoir une Rolls Royce , car je restais persuadé que ce serait un lieu formidable pour y écouter de la musique tant on me vantait le silence de son moteur. J'ai essuyé une vague de moquerie, mettant en avant la grande incohérence de ce désir avec mes idées communistes que je n'ai jamais cachées. Il était alors assez difficile de faire comprendre que, malgré les idées contraires martelées par tous les médias, le communisme ce n'est pas une deux chevaux pour tout le monde mais la possibilité pour tous de choisir ce qu'il lui semble le véhicule le plus approprié à ses besoins. Ironie de l'histoire, aujourd'hui je n'ai pas de voiture.
5. La folie m'a toujours fasciné. Comment une personne bascule d'un état à l'autre; qu'est ce qui fait qu'une personne perd soudain pied ? J'ai ainsi dévoré, et secrètement adulé, la pièce de Pirandello "Henri IV"; j'ai dévoré les essais de Freud. C'était sans doute par peur de ne pas voir le précipice à temps, de ne pas me rendre compte que je marchais sur le fil du rasoir.
Durant de nombreuses années avant cette période, j'ai fréquenté un institut de psychanalyse sans en connaître les raisons. Ma mère m'y avait emmené un fois puis plusieurs, puis j'y allais seul sans savoir pourquoi ni pour combien de temps. Je me souviens de certains des médecins rencontrés, des thérapies suivies si différentes les unes des autres jusqu'à ce que, adolescent, je préfère le conservatoire à ces séances sans fondement pour moi. J'ai appris beaucoup plus tard que ces séances étaient en fait une couverture pour cacher que ma mère était suivie au même endroit.
Finalement, je pensais ne rien pouvoir dire et je crois que, en fin de compte, il va me falloir me rhabiller quelque peu pour rester décent. Je ne passerai la main à personne en particulier; que quiconque en a envie se saisisse de l'opportunité.