La nostalgie n'est plus ce qu'elle était
La nostalgie n'est plus ce qu'elle était, comme le disait si bien Simone Signoret. Et pourtant, quand grâce à un appareil généreusement prêté par un ami j'ai pu numériser et revoir un certain nombre de vielle photos oubliée, elle a ressurgi comme au bon vieux temps.
Je savais bien que j'avais de nombreux clichés pris lors de centres aérés et de colonies de vacances; je savais avoir des images familiales mais, j'ai passé en revue à la suite les unes des autres des quantités de photos de personnes que je ne reconnaissais pas, qui ne me disaient rien, dans des lieux parfaitement oubliés. Et pourtant, ils ont fait partie de ma vie à un moment ou un autre. Revoir mon grand gars haut comme trois pommes en train de rouler sur son camion trotteur m'a attendri, voir des adultes avec de la barbe, une maison avec des chevaux, des enfants en botte jouer avec une chèvre m'a attristé et gêné au plus haut point, comme si je regardais les archives d'un inconnu.
Et puis, au détour d'un rouleau, une histoire qui se reconstruit et le souvenir d'un travail photographique que je croyais complètement perdu. J'y retrouve des vues de Paris qui n'existent plus avec la rage de l'amateur qui remarque qu'il n'a pris aucune note sur les lieux de la prise. Où était la boutique du couseur à façon ? Où se trouvait la corderie ficellerie ? Aujourd'hui, je n'en sais plus rien. Ne restent que de jolies images en noir et blanc, des souvenir d'un passé révolu, l'assurance d'avoir été le témoin d'une transformation mais qu'elle m'a complètement échappée. Je voudrais pouvoir remonter le temps et m'immerger à nouveau dans cette ville qui n'est plus vraiment la mienne, regarder la ville d'hier avec mes yeux d'aujourd'hui, rafraichir mes souvenirs, les étayer de quelques notes afin de pouvoir transmettre par la suite ma vision de la métropole.
Elle s'est tellement déshumaniser, ma ville, la parcourir aujourd'hui est comme visiter un monument, elle est très belle mais vide de sens.
Je referme l'album. Je ne voudrais pas mouiller les tirages de mes larmes.