0/20 A refaire
A vous lire, à droite et à gauche, à butiner de blog en commentaires, je me suis perdu dans des souvenirs lointains pas toujours agréables. Ainsi est revenu à la surface une attitude qui a été mienne il y a de cela plus de vingt ans. J'étais amoureux d'elle, transi, sûrement assez niais mais fasciné, ne ressentant un simili de bonheur qu'en sa présence et n'osant dévoiler la terrible chose qui devait se voir comme le nez au milieu du visage. Et puis des vacances non partagées, elle au ski moi restant à Paris, en profitant pour lui écrire deux feuillets recto et verso par jour, moi à qui il n'arrivait rien d'autre que l'attente du facteur, le coeur battant dans l'espoir de lire ses mots qui n'étaient qu'anecdotes de villégiature sportive. Le dernier jour, prenant mon courage à deux mains, ma plume au milieu, je me décide à déclarer ma flamme. La réponse a mis quelques jour à me parvenir, une lettre d'aventures hivernales sans aucun intéret avec juste une petite phrase pour la conclure: "Je veux que tu croies en mon amitié, il ne saurait y avoir plus.". Cela ne pouvait être autrement mais comment décrire la foudre qui s'est abattue sur ma tête à ce moment là, le creux qui s'est formé au milieu de l'estomac, la vue qui se brouille, les oreilles qui bourdonnent ? C'était comme si aujourd'hui la mort me retirait un de mes fils, le souffle qui se coupe, l'envie de ne plus avoir envie de vivre.
J'ai survecu.L'amitié promise n'est jamais venue. Je lui ai écrit d'autres lettres, sans aucun effet. Puis, une idée a germé en moi. Je ne pouvais pas avoir son amour, j'aurai sa haine; tout sauf l'indiférence. Et me voilà écrivant une lettre lui expliquant que mon amour pour elle n'était que désir charnel, envie d'elle, de son corps que je pouvais deviner sous ses vêtements lègers.
Il n'y a eu une réponse que quelques années plus tard, ignorance superbe de mon geste ou vengeance cruelle suprème, une invitation à son mariage.