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Ma vie, mon oeuvre
18 septembre 2005

Il berce mon coeur

charpentierJe vais, enfin dirons certains, céder aux injonctions d'Olivier et parler de musique. Mais c'est si difficile et d'évoquer par écrit quelque chose qui s'écoute et de parler d'une chose qui fait appel à la mémoire, aux mémoires, au vécu de chacun formant ainsi le goût, ce qui ne se discute pas.

Alors, aujourd'hui je me décide. Je vais évoquer mon chouchou, un de ceux pour qui, comme avec le cochon, il n'y a rien à jeter, Marc-Antoine Charpentier. Même celui qui n'a jamais écouté de musique classique a déjà eu les oreilles traversées par l'hymne de l'eurovision, thème emprunté à l'ouverture Te Deum du susdit, massacré par un orchestre symphonique.

Pour me donner le courage et l'inspiration, je viens de mettre un disque acheté récemment avec une oeuvre que j'adore particulièrement, sans doute par ce que j'ai participé à une de ses exécutions, le motet "Transfige dulcissime Jesu". Il est écrit pour cinq voix solistes, un choeur et une basse continue, expression désignant orgue accompagné le plus souvent d'un instrument à cordes grave, basse de viole, violoncelle ou théorbe. Dans cette pièce, les voix entrent l'une après l'autre en commençant par les plus aiguës. Comment retranscrire ce que je peux ressentir quand la voix de dessus perce l'air avec une grande douceur, quand les autres voix viennent s'entremèler pour mettre en valeur ce texte[1] si peu conforme avec les psaumes usuellement choisis pour ces oeuvres ? Comment décrire les frissons qui me prennent lors des dissonances exprimant la douleur ou l'extase ? La seule possibilité, c'est d'en écouter[2], de se baigner dans ces notes, de s'immerger dans ce monde si différent, si représentatif de la musique française du dix septième siècle. Et dire qu'à son époque on lui reprochait d'être trop italien!

[1] Texte du motet "Transfige dulcissime Jesu"
Transfige dulcissime Jesu,
medullas et viscera animae meae
suavissimo ac saluberrimo amoris tui vulnere,
Vera serenaque et apostolica, sanctissima charitate,
ut languat et liquefiat anima mea
solo semper amore et desiderio tui;
Te concupiscat et deficiat in atria tua,
cupiat dissolvi et esse tecum.

Très doux Jésus, transperce mon coeur et mes entrailles,
de la blessure délicieuse et rédemptrice de ton amour,
de ta très sainte charité vraie, sereine et apostolique
pour que mon âme s'amolisse et se fonde à tout jamais
dans l'unique amour et désir de Toi,
Qu'elle te voit et s'abandonne en ta demeure
qu'elle désire se fondre et te rejoindre.

[2] Quelques oeuvres à écouter:
Te Deum, Le jugement dernier, Les leçons de ténèbre, Les quatre saisons, La messe des morts.

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Commentaires
J
j'ai pensé à toi en écoutant et regardant une orchestre de percussion répéter, probablement, principalement mais pas seulement à cause de cette entrée
R
Je file plonger dans la discothèque de Monsieur Homme et prend tout ce que je trouve ; je suis beaucoup plus jazz que classique, donc pardon pour mon inculture... mais je vais, de ce pas, écouter... et me cultiver un peu...
M
Olivier a eu raison de te pousser à écrire ce qui te transporte. Maintenant ne peut-il t'apprendre à nous la faire écouter ici même? Non, pas en intégralité...
L
... ta passion pour Marc-Antoine, j'ai eu la chance de chanter son psaume 136 (qui est le 137 dans certaines éditions de la Bible); je reconnais que dans cette oeuvre l'évocation du passé, des choses dont on arrive pas à se séparer tout en les sachant perdues à jamais, est terriblement émouvante ("si oblitus fuero tui Jerusalem, oblivioni detur dextera mea" et "adereat lingua mea faucibus meis si non meminero tui, Jerusalem"). Aux prochaines chroniques musicales...
C
Merci Berlioz de nous faire découvri ectte musique...enfin de ME la faire découvrir à moi. Je ne connais pas ces morceaux, et j'emprunterai à la médiathèque
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