Madeleine professionnelle
Je travaille avec un géant. Il a surgit il y a peu à notre étage et me surprend à chaque fois que je le croise. C'est un antillais qui mesure plus de deux mètres et n'est pas maigre pour sa taille; il franchit les portes en biais car il est trop large pour les passer de face; autant dire qu'il ne passe pas innapperçu!
Fidèle à mon habitude, je vais saluer le matin mes différents collègues, m'y reprenant souvent à deux fois, non pas pour perdre mon temps somptueusement payé par mon employeur, mais pour voir les gens arrivés après moi et que je n'aurais pas vus depuis. Je suis à chaque fois étonné de lui serrer la main: la mienne devient alors minuscule dans sa pogne géante, perdue dans sa paume semblable à une plaine éligible à la culture céréalière, j'ai l'impression de redevenir un petit enfant qu'on emmène à l'école.
Pour rien au monde je ne louperais cette cérémonie du matin: en l'espace d'un instant je voyage dans le temps, fort lointain, où ma mère m'amenait à l'école, fort lointain puisque habitant sur le même trottoir que l'école, je m'y suis rendu seul à partir du cours préparatoire.
Je vous laisse, je vais serrer quelques mains.