Travaux d'accroche
C'était l'occasion, la fois ou jamais; en sortant tout à l'heure sur le quai de la station 'Champs Elysées Clémenceau', j'ai remarqué que les travaux entamés n'avaient pas encore complètement détruit les vestiges d'une station passée. C'est une des dernières qui avait subi à la fin des années cinquante ou au début des soixante, en guise de réfection, l'apposition d'un cache misère sur l'ensemble des murs, sans se donner la peine de retirer les affiches commerciales, et qui n'avait pas encore trouvé un nouvel habillage plus dans l'air du temps.
J'avais vu cette magnifique exposition de superpositions de morceaux d'affiches en revenant de vacances et n'avais pas eu l'opportunité d'y retourner pour prendre quelques clichés; c'est maintenant chose faite.
Ce spectacle génère toujours chez moi un double sentiment, celui d'excitation, de celle des archéologues lorsqu'ils découvrent un site perdu dans les mémoires depuis la nuit des temps et celui d'une tristesse de se voir perdre un pauvre petit trésor, comme les archéologues qui pratiquent les fouilles urbaines avant la construction d'un parking souterrain ou la réfection de certaines voiries.
Alors, je viens poser une pierre pour l'édification d'un musée virtuel qui regorgerait de souvenirs temporairement ressurgis puis disparus à jamais. En guise de symbole, je propose un extrait du film 'Roma' de Federico Fellini, la scène dans laquelle les constructeurs du métro mettent à jour une villa romaine dont les fresques se détruisent au fur et à mesure que les humains et leur air vicié y pénètrent.