Les mots ont la parole
Chaque mot a une signification propre et leur utilisation, le choix de l'un plutôt que l'autre, dénote une volonté, pas toujours volontaire, de donner du sens. Ainsi a commencé à fleurir, il y a déja une trentaine d'année, sur les panneaux consacrés à l'immobilier le mot 'privatif' associé à un jardin, une cour, un balcon ou un équipement sportif, là ou le terme 'privé' était auparavant utilisé.
Si on regarde de plus près le sens de ces deux mots, qu'y voit on ? privé veut dire réservé à un ensemble de personnes alors que privatif veut plutôt dire que ce sont les autres qui n'y ont pas accès (qui prive de). Ce choix permet d'insister sur le fait que dans un cas seuls quelques privilégiés peuvent utiliser les ressources, ou insister sur le fait que vous, simple personne, vous en êtes privé. D'un côté c'est vous qui avez de la chance, de l'autre, ce sont les autres qui sont des perdants. Tout est une question de point de vue.
Donc, quand notre ministre de l'intérieur parle d'immigration choisie ou subie, il n'utilise pas ces vocables innocemment, il veut transmettre un message très clair: l'immigration est une calamité quand ce sont les migrants qui choisissent leur lieu de vie, elle est bénie lorsque c'est nous qui choisissons qui va venir faire le sale boulot dont nous ne voulons pas ou les autres boulots, plus ou moins intéressants, pour lequel nous demandons trop en échange.
Tout est une question de point de vue.