Pas que du bout des lèvres

Il est peintre et dessinateur, né à Florence en 1406; il prononcera ses voeux quinze ans plus tard au couvent des carmes qu'il fréquente depuis sept ans. Il est tellement doué que les sarrasins qui l'ont enlevé vont le relâcher sans demander de rançon tellement ils admirent son trait.

Filippo est moine et peintre mais il a un très gros défaut eu égard à son état, il aime les femmes et les courtise abondamment.

Ainsi, il fera scandale à cinquante ans passés quand, en raison d'une commande, il ira peindre une vierge en prenant pour modèle une belle nonnette, qu'il séduira et dont il aura un enfant. Mais le scandale ne réside pas dans cette aventure, même dans le monde de la religion qui vit à l'époque, ne l'oublions pas, des Médicis, pas vraiment modèles dans ce genre. Non, le scandale c'est qu'il la peint avec dans ses bras leur fils pour modèle de l'enfant Jésus et habillée de bleu, la couleur des vierges.

Et pourtant, il s'en moque; le petit ange se retourne vers le spectateur, le voyeur, et rit doucement de l'impertinence.

Et puis, qu'elles sont belles les femmes qu'il immortalise, toujours d'une douceur et d'une sérénité pleine, les cheveux détaillés avec une grande précision, des mains très fines et toujours des voilages un peu transparents qui permettent de montrer sa virtuosité.

Fra Filippo Lippi mourra neuf ans et beaucoup d'autres conquètes plus tard, mais aussi beaucoup d'autres oeuvres, toutes à vous faire chavirer le coeur. Son fils se fera connaître sous le nom de Filippino Lippi (le petit Philippe) et il aura eu un glorieux élève, Botticelli.

L'illustration vient de là
L'original est au musée de Offices à Florence.

Comments

[Sophie L.L]

Emotion douce pour moi:arrivée sur votre blog par celui des Chemins de poussière découvert il y a quelques jours, voici la Vierge qui était dans ma chambre quand j'avais dix ans et que je n'avais jamais revue (pour cause de nombreux déménagements) et comme cette année-là j'ai dévoré tous les Arséne Lupin, étrangement elle y est associée ! et ce qui est extraordinaire pour moi, c'est que dans la reproduction sur mon mur d'enfant, le petit ange n'était pas là...Je l'appellerai Arsène.

[berlioz]

Joye> Je ne connaissais pas cette citation, mais elle lui va comme un gant.

Julie70> Enfants ou anges ? Mais c'est vrai qu'on a tendance à oublier les frères et soeurs de Jésus.

Wictoria> C'est aussi ma période préférée, ensuite elle tombe dans le maniérisme, avec des positions de mains ou des regards au ciels peints uniquement pour montrer la technique de l'exécutant. Beurk.

Fuligineuse> N'est-ce pas ? Je ne compte pas les minutes passées devant ce tableau, d'autant plus qu'il m'a fallut y retourner avant de quitter la salle.

Mirae> Mais je ne suis pas sûr que c'était un personnage recommendable; un grand courreur de jupons, oui.

Nadaiya> J'aime aussi beaucoup ces oréoles diaphanes que son fils ne saura pas reproduire et la foule de petits détails qui peuvent passer innaperçus, les bijoux, la mer, les surplis du vètement, la broderie du coussin.

Telle> C'est ton interprétation. Les vièrges à l'enfant font partie d'un thème qui a ses canons auquels un peintre ne saurait déroger. Et puis, c'est juste un instant figé, peut être qu'à la seconde qui a suivi elle lui a fait un grand sourire et a ouvert ses bras ?

[telle]

Le geste de l'enfant qui se tend vers sa mère est assez bien vu mais je suis choquée par l'attitude de la Vierge, davnatage consacrée à sa prière qu'à la réponse à son enfant... Un drôle de sens des priorités surtout pour un tableau censé représenter le lien filial, non ?

[Nadaiya]

J'aime comment se fond sa coiffure avec le décor d'arrière plan

[mirae]

Finalement les anti-conformistes ont toujours existé et à voir ce tableau et lire la suite de l'histoire ce n'est pas mauvaise chose.