Comme une lettre à la poste
Quand j'étais petit garçon, le facteur passait deux fois par jour apporter le courrier à la concierge de l'immeuble qui le distribuait dans les étages. Quand un colis vous était destiné, le préposé aux postes le montait jusqu'à votre porte pour tenter de vous le remettre en mains propres.
C'était aussi une époque où les allocations familiales étaient payées par ces mêmes préposés. Combien de fois ai-je vu la sacoche pleine de billets de banque, le facteur les compter soigneusement, ma mère les ranger précieusement dans une enveloppe qui disparaissait ensuite dans un tiroir.
Et puis, le libéralisme à tout crin est arrivé. Le facteur doit être rentable, et pour ce, non seulement distribuer le courrier dans une zone la plus grande possible, mais aussi vendre des timbres et des enveloppes pré timbrées. Plus question de présenter les colis jusqu'à votre porte ni de distribuer les allocations (ce qui, dans ce cas n'est sans doute pas un mal étant donné le nombre d'agressions de préposés). Plus question d'avoir le moindre rapport humain à moins qu'il ne soit marchand. Pas le temps de demander des nouvelles des enfants qu'on aura vu grandir, de toute façon les restructurations de secteur feront changer les itinéraires. Plus question de distribuer le courrier deux fois dans la journée, quand vous l'avez une fois il faudra vous estimer heureux.
J'ai l'air de râler pour râler, mais recevoir le numéro de samedi de mon quotidien le lundi soir m'énerve quelque peu. Imaginer que ce fut un beefsteak!