Little brother is wartching you
Le métro est un bouillon de culture sociologique. Devant y passer de nombreuses heures chaque semaine et n'ayant pas la chance, loin de là, de pouvoir reposer mon postérieure à chaque occurrence, il est fréquent que j'observe ce petit monde qui se renouvelle souvent, que je regarde les gens et leur comportement en espace restreint.
Samedi, alors que je regagnais mes foyers (ma cuisinière a quatre feux), je restais dos à la porte du fond sans perdre une miette des agissements de mes contemporains. Il y a ceux qui se précipitent vers les sièges restés vacants, ceux qui font mur de leur corps pour pouvoir mieux s'approprier par la suite le strapontin convoité, ceux qui font semblant de dormir et ceux vraiment fatigués qui dorment debout, ceux qui s'appuient de tout leur poids sur la barre du milieu, écrasant sans vergogne les mains qui s'y cramponnent, ceux qui se laissent porter, s'appuyant sur les autres au gré des tournants, des accélérations et des freinages, ceux qui, malgré tout, déploient leur journal aux larges pages.
Et puis, j'ai vu cet homme, grand, noir, entre deux âges, le chef couvert d'un bonnet ridicule qui est entré en poussant la masse dans son dos, prenant appui des mains au dessus de la porte. Sa main droite bien étalée sur le chambranle métallique comptait six doigts.