Le roi des kongs
L'éternité, c'est long, surtout si vous avez oublié votre livre à côté de votre lit.
C'est tout à fait ce qui m'est venu à l'esprit en regardant, il y a quelques jours à la télévision la dernière ressussée de King Kong, une méga production étazunienne, avec force effets spéciaux, célébrités et scénario alambiqué. C'est là que le bât blesse; il y en a trop, ça déborde par tous les côtés.
Je rappelle à ceux qui ne seraient jamais allé de leur vie dans une salle de cinéma ni aurait jamais vu une seule image sur un poste télé récepteur d'images l'intrigue de cette fiction. Un réalisateur allant tourner quelques images pour terminer un film mal parti, croise la route d'un grand primate qui s'éprend de la belle et jeune première. Voyant là une opportunité de se faire un maximum d'argent, il capture la bête pour la montrer sur les scènes de la grande pomme. L'animal ne l'entendant pas ainsi s'échappe, semant la panique dans la grande ville. Une attaque de l'aviation vient, non sans mal, à bout du monstre.
Mais cette histoire assez simple, le réalisateur du Seigneur des anneaux ne pouvait la raconter en quatre vingt dix minutes; il lui fallait trois heures pour pouvoir montrer la vie difficile dans un bateau, la découverte dans un brouillard épais d'une île fantomatique peuplée d'étranges individus à moitié nus, noirs de peau (et quoi de mieux pour représenter une bande de sauvages), d'une très grande violence qui, sans raison donnée transperce un homme d'une lance, en décapite un autre et donne l'héroïne en pâture à LA bête.
Evidemment, lancés à sa poursuite pour sauver la belle, on trouve paissant et ruminant et dévorant toute une collection d'animaux préhistoriques dignes de Jurassic Parc. D'ailleurs, le clou du spectacle est la bataille du grand singe avec non pas un, mais trois tricératops (ce n'est pas facile à dire) [ajout de 17h00: ce sont des T-rex, ce qui change tout, les autres étant herbivores], ce qui nous vaut une petite demi heure de rocambolesques cascades en images de synthèse avec, dérisoirement incrustée, une Naomi Watts ballotée comme une poupée de chiffons.
J'allais oublier; il y a aussi une tripotée d'insectes géants, forcément agressifs avec le genre humain.
Deux scènes à retenir, si vous tenez jusque là, la capture de la bestiole, qui prend bien un quart d'heure, tellement il faut de chloroforme pour qu'elle vacille, et la scène finale avec ascension de l'empire state building et la mort de la pauvre victime qui nous fait le coup de Peter Sellers dans le début de The Party en mettant je ne sait combien de temps à trépasser.
Le pire c'est que, n'ayant ni bière ni pizza, je n'ai pas pu me rattraper sur la nourriture.