Toucher à tout
Une longue avancée en plans fixes courts vers une petite église au sommet d'une falaise, l'intérieur de l'église, son pavage style mosaïque romaine dont les pans manquants sont artistiquement remplacés par des pierres plates unies, le décor est planté, nous sommes dans l'épure totale, il n'y aura pas un mot de trop.
Alors, évidemment, on est tenté de penser que l'ennui va nous gagner, les mouvements sont lents, il ne se passe rien, les décors sont superbes, les costumes premier empire très élégants. Pourtant, il n'en est rien, ce duel est prenant et pourtant complètement vain. Quand au jeu d'acteur, il est impeccable. Il faut dire que je suis un grand fan de Jeanne Balibar depuis que je l'ai vue dans Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle) jouant avec des andouillers puis, peu après, dans Je hais l'amour où, médecin, elle est aux prises avec un hypocondriaque violent et un jeune atteint du sida.
Le plus curieux, c'est qu'hier soir Arte diffusait un film précédent de Jacques Rivette, Va savoir, avec la même, un marivaudage avec en toile de fond une pièce de Pirandello jouée par les protagonistes, une autre de Goldoni, perdue et cherchée désespérément par le metteur en scène.
J'ai préféré cet opus, malgré une plus grande longueur.
Mais je ne suis pas à ça près, je me souviens avoir déjà donné, adolescent, avec mes parents qui m'avaient emmené voir L'amour fou qui dure plus de quatre heures. Et encore, je vous passe le mythique Out one qui lui, excusez du peu, dure... 773 minutes, soit treize heures.