Mille mâles mollets
"On sort tout de suite ou on attend que la pluie tombe ?", dis je un brin ironique à ma douceur en train de bricoler sur l'ordinateur. C'était dimanche et la pluie nous attendait à la sortie du métropolitain. Alors, à défaut d'autre chose, nous avons déambulé le long de la Seine aux eaux aussi grises que le ciel et les pavés battus.
La pluie, je n'ai rien contre mais, quand elle traverse la fine paroi de mon blouson pour couler sur les bras, les cheveux, le dos j'en ai vite assez, je bougonne, rêve d'un lit bien chaud et d'un grog de même.
Après avoir senti un filet dégouliner entre mes omoplates nous rejoignons la station la plus proche qui se trouve être sur notre ligne, nous permettant de sécher un peu avant de replonger sous la grisaille humide et enfin retrouver notre terrier hydrophobe.
J'ai juste le temps d'enlever ma pelure dégoulinante, mes sandales devenues informes pour voir, posés sur la rambarde du balcon, deux pigeons aux fientes menaçantes. Je me précipite pour, d'un air menaçant, les faire s'enfuir à tire d'ailes, quand je ressens une violente douleur dans le mollet gauche; comme un coup brutal. Je m'effondre au sol en grimaçant. Impossible de tendre la jambe, impossible de faire un pas sans ressentir ce nœud au bas de la jambe.
Le lendemain, j'ai clopiné jusqu'au travail, boitant plus qu'un canard, me crispant de la mâchoire à chaque tentative de pas, redoutant chaque trajet, maison vers métro, métro vers boulot et encore quelques autres car c'était jour de répétition.
Aujourd'hui, je commence à marcher à nouveau normalement, ou presque.
Salauds de pigeons !