Nuit blanche en couleur
Samedi soir, à Paris, c'était la nuit blanche. Non, pas celle causée par une allégresse artificielle provoquée par le résultat d'un match le soir même, mais bien celle provoquée par une explosion d'art contemporain dans les rues, sur les places, dans les hôtels particuliers de la capitale.
Mon état de fatigue ne m'a pas permis de traverser la nuit comme le nom de l'opération pouvait le suggérer, mais j'ai pu glaner, ici ou là, quelques jolies idées, quelques jolies interventions délicieusement inutiles.
Nous avons commencé place des Victoires, invités par une amie qui se produisait sur un camion scène dans une création consacrée à la mode. "Le chic urbain", pièce parlée et chantée, est une variation sur les termes de la mode, tous les mots étant extraits de catalogues des grands couturiers.
Puis, nos pas nous ont menés devant l'église Saint Eustache. Là, sur le côté, devant la tête inclinée, trois grands écrans montrent alternativement un homme et une femme, extrêmement musclés faisant des exercices visant à les montrer le plus avantageusement possible, mais très lentement. L'étrange vient des visages, que je suppose rapportés, qui sont ceux de personnes âgées.
Un peu plus loin, des danseurs habillés en noir ou blanc évoluent sur une minuscule scène. Leur image, morcelée, répétée comme dans un mini kaléidoscope est projetée, recomposée sur une façade aveugle dans un foisonnement de couleurs.
Dirigeons nous vers l'Hôtel de ville. Non, pas la place, il y a une foule de personnes venus pour tout à fait autre chose, passons par la rue de verrerie. Au centre du cloitre des Billettes une forme blanche est suspendu et éclairée en bleu. Défile sur le mur, en circulaire, un mot que j'ai oublié.
Dans la cour de la Caisse des Dépôts et Consignations, il fallait s'assoir sur la margelle de la fontaine centrale. Sur deux côtés opposés, un écran oblong avec une foultitude de petites étoiles qui bougent dans tous les sens et finissent par écrire un mot, comme "Supermarteau" ou "Supermachin".
Nous avons fini dans la cour de la maison de l'Europe. Un grand écran divisé en une vingtaine de cases affiche le portrait d'européens déracinés, vivant soit en France soit en Allemagne et ils nous racontent ce qui leur manque le plus dans leur nouveau pays. Et c'est à la fois juste, émouvant et drôle.
A noter que nous y avons vu deux italiens, tous les deux parlaient du café. Comme quoi...