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Ma vie, mon oeuvre
5 octobre 2007

Au milieu de mars[1]

Décidément, le métro est un lieu d'étude sans fin, d'observation sans limite du comportement humain.

Ce matin, je m'installe à une place encore vacante, ce qui n'est pas toujours évident même pour moi qui part du terminus, et ouvre mon livre, un gros volume de plus de mille pages que je n'arrive pas à terminer malgré l'envie que j'en ai. Vient s'assoir en face de moi, sans doute dans la demi seconde qui suit, la précipitation pour l'accession aux places assises permettant au passage de bousculer quelques personnes et de marcher sur des pieds de toute taille, une petite femme qui, à peine posée sur la banquette a sorti son téléphone cellulaire, a composé un numéro ou l'a sélectionné dans son répertoire et a entamé une conversation qui ne s'est terminée pour moi que quinze stations suivantes parce que nous y descendions tous les deux mais que je marchais plus vite qu'elle. D'accord, elle ne parlait pas une langue que je pouvais comprendre mais il m'était difficile de suivre mes dialogues et mes intrigues avec cette logorrhée lancinante qui me traversait les oreilles.

De plus, peu après, une femme est venue occuper le dernier siège vacant à un saut de puce du mien accompagnée d'une petite fille de cinq ou six ans qui a commencé a beugler car il n'en restait pas pour elle. Prise sur ses genoux par la femme, après de longues tractations, elle s'est mise à débiter des sons plus ou moins articulés, les uns à la suite des autres qu'on ne pouvait confondre avec des mots, d'une voix forte et grave qui ne permettait pas de s'en abstraire.

Je ne vous parle pas non plus des nombreux outils permettant d'écouter individuellement de la musique, avec des écouteurs bien plantés dans les oreilles, poussés à un tel niveau sonore qu'on peut fredonner l'air, quand ce n'est pas de la techno, de l'autre extrémité de la voiture, ou des conversations entre connaissances au mépris de toute discrétion.

Pendant un instant j'ai eu l'envie très forte et pressante de dire à haute et intelligible voix les mots que je lisais, les comprenant avec grande difficulté. Et puis je me suis dégonflé. Je tenterai la prochaine fois car, malheureusement, je sais qu'il y aura une prochaine fois.

[1] Le titre de la note est une référence au titre de mon livre. Comprenne qui peut.

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Commentaires
P
Sorry pour les fautes de frappe. Pour un premier commentaire chez vous, je ne me distingue pas! live au lieu de livre et rester au lieu de il reste... La honte !
P
Et ce live de plus de 1000 pages était celui de George Eliot... C'était. Donc, il est tout de même fini. Je n'ai pas lu "Middlemarch", mais j'ai dû essayer de lire "Le moulin sur la Floss", il y a très longtemps. Je n'en ai gardé aucun souvenir. <br /> <br /> Il vous rester à essayer Jane Austen ou Virginia Woolf, deux auteures que j'apprécie énormément.
N
Ohlala quel pessimisme...sourire...il n'y aura peut être pas de prochaine, prenez le temps de regarder ces gens autour de vous et imaginez la vie qu'ils ont, ça vaut autant de roman...
G
Finalement moi qui regrettais depuis que je circule essentiellement en vélo de ne plus pouvoir lire en me déplaçant, je me dis que je ne loupe pas tant ...<br /> <br /> Cela dit j'ai une capacité de concentration sur ce que je lis qui est assez solide pour faire face à la plupart des inconvénients que tu dis, même si parfois ça gêne quand même. Les conversations réelles entre connaissances, à part dans le cas d'être coincée ENTRE les personnes concernées (et de, ligne 13 oblige, ne pas pouvoir bouger) ne m'ont jamais dérangées et très souvent amusée (ou affligée).<br /> <br /> C'est curieux ton titre me fait plutôt (ce matin en tout cas) penser à celui d'une série anglaise (Life on mars).
M
à haute voix, ça me connait: j'enregistre des livres pour les mal-voyants mais pas dans le métro!!!!!!
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