Avoir du nez, ou pas
Pourquoi ne suis je même plus étonné par les scènes que l'on peut voir se jouer dans le métro ? Pourtant, rien ne me préparait à ce que j'ai vécu en sortant d'un dîner il y a quelques jours. Il était déjà là quand je suis rentré dans la rame, entre deux âges, les cheveux blancs et longs coulant sur les épaules, une barbe à la Marek Halter, un manteau épais sur les épaules malgré la température, un gros sac avec lui, posé entre ses jambes. Pourtant il ne semblait pas faire partie de ces armées d'exclus, sans domicile, qui viennent chercher un peu de chaleur dans les transports en commun.
Peu après mon installation sur une banquette proche me donnant une visibilité parfaite sur ses faits et gestes, je le vois sortir une bouteille isotherme et verser un liquide, probablement de l'eau, dans un bol rose qui se mit à arborer une couronne de vapeur. Puis, plongeant la main dans une poche du sac, il en extrait un gros tube métallique, le vide d'un gros cachet blanc qu'il ajoute à l'eau du bol. Ouvrant une poche latérale, il en sort une grande serviette qu'il se met sur la tête tout en entourant le bol. Notre homme se faisait une petite inhalation dans le métro.
Pourtant, étant donné certaines odeurs, relents, remugles et miasmes qui trainent dans le métro, je chercherais plutôt à me boucher le nez.