Piments catalans
Je viens de tourner la dernière page avec une grande tristesse, parce que c'est la dernière, que dis-je, l'ultime aventure de Pepe Carvalho. Manuel Vazquez-Montalban est mort peu de temps après avoir terminé cet ouvrage mais, ce n'est pas la seule raisons. Tout laisse à penser, en terminant la fin du texte, qu'il n'y en aurait pas eu d'autres.
Alors, pour finir en beauté leurs aventures policières, prétextant un meurtre qu'on veut lui mettre sur le dos, Pepe accompagné de son fidèle Biscuter part faire un tour du monde en endossant, pour garder leur anonymat, les sobriquets de Bouvard et Pécuchet que personne ne semble plus connaître sur terre. D'ailleurs, durant les deux cents première pages (il y en a tout de même huit cents au compteur) il y aura des poursuivants fantômes, des coups de feu tirés sur leur voiture, de la drogue mystérieusement cachée dans leur coffre, une femme qui disparait, un agent des services secrets israéliens qui leur confie une mission. Et puis, en s'éloignant peu à peu du cercle traditionnel de ses enquêtes, même s'il croise à trois reprises des lieux connus pour certaines d'entre elles, on prend de la distance par rapport au roman policier. Ne reste plus qu'un récit d'un voyage sans but ni préparation, comme j'aimerai pouvoir me permettre un jour et qui traverse quatre des cinq continents.
Je ne vous donnerait pas la liste des personnages attachants entraperçus ici ou là ni celle des villes et des sites traversés, j'aurais trop peur de vous retirer le pain de la bouche, bouche qui a une importance toute particulière dans ce roman, comme dans tous ceux où sévissent ces personnages récurrents, car truffés de recettes et de dégustations en tout genre.
Il ne me reste plus qu'à reprendre les aventures en commençant par la première et tâcher d'écrire un recueil de recette catalanes. Ca me consolera.