Que la chair peut être triste
Ils pouvaient être originaux, c'est raté. Ils pouvaient créer un lieu unique et c'est raté aussi. En entrant ce lundi après midi dans le musée de l'érotisme, on pouvait espérer voir une collection plus "turelle" que "cul". Raté, toujours raté. Pourtant, on pouvait rêver, l'érotisme est autre chose que des bites et des culs, autre chose que des hommes et ou des femmes nus ensemble et un musée promettait de rehausser le sujet en le documentant un tantinet. Et là, rien, la platitude absolue, ils ont fabriqué un prétexte pour les touristes qui ont honte de pénétrer dans la salle à côté où se produisent des effeuilleuses de se rincer l'œil à bon compte.
Alors bien sûr, il y a l'alibi culturel, des sculptures tantriques, des poteries grecques, des terres cuites précolombiennes qui, à y regarder de plus près, sont souvent des reproductions grossières, avec de jolies cassures peintes à la main. Et même si ce sont des reproductions, on peut penser qu'un peu de recherche aurait pu apporter quelques éclaircissements sur leur fonction, le rôle de la symbolique sexuelles dans ces différentes sociétés au lieu de chercher à faire rigoler les foules avec des dieux priapiques monstrueux, des godemichés de toute taille, toute matière, toute couleur.
De plus, les étages supérieurs (le musée est réparti sur sept étages de petite surface) contiennent une collection très importante de documents écrits, photos, journaux autour de la prostitution et des maisons closes, sujets pas vraiment érotique. La seule exception, à mon humble avis, mais celà vaut il le détour, était une exposition temporaire de dessins d'illustration d'un texte qui ne nous était pas présenté, d'un très beau noir et blanc dans un style faisant penser à celles réalisées dans la première moitié du vingtième siècle.
Il reste un sacré chemin à parcourir, et notre société n'est elle pas en train de le parcourir à reculons, pour faire comprendre qu'érotisme et pornographie n'ont rien à voir. Je conseillerai donc de revoir le film "Tess" de Roman Polanski avec la magnifique Nastassja Kinski en train de prendre délicatement une fraise, tenue par un charmant jeune homme, entre ses lèvres encore plus rouges, c'est beaucoup plus érotique que tout ce que vous pourrez voir dans ce musée.
Photo: sculpture indonésienne prise sur place.