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Ma vie, mon oeuvre
2 mai 2008

Je travaille, donc je suis

La porte s'ouvrit sur une pièce immense, infinie. Tout un univers riche en significations et en stimulations sollicita d'un coup son attention. C'était le contraire du lieu circonscrit et clos auquel il s'attendait. Il eut l'intime conviction que cet univers happait les arrivants et les désagrégeait. Son esprit s'embrasa. Il en perdit d'abord sa faculté de concentration au point d'oublier de regarder ce qu'il avait prévu d'observer : le sol, les murs et le plafond, il en oublia même le dieu tapi derrière le somptueux bureau. Il fut frappé par une décharge électrique, évocatrice, créatrice, qui lui planta au cœur une folle allégresse. A l'instant même, une force impérieuse l'appela à se prosterner et à offrir un sacrifice, mais il préféra se rallier à ses compagnons, adoptant une attitude de piété, d'obéissance et de soumission.

excellenceAinsi commence 'Son excellence' de Naguib Mahfouz, le grand écrivain égyptien, prix Nobel de littérature en 1988. Le dieu derrière son bureau est le directeur général de l'administration et le héros de ce livre se donnera dès lors comme objectif d'arriver à ce poste, consécration d'une carrière dévolue au fonctionnement de l'état. Pour y arriver, pauvre fils d'un pauvre conducteur de calèche, il tentera de se faire remarquer par la qualité et la quantité de son travail, n'hésitant pas à sacrifier toute vie personnelle.

Ce qui frappe d'abord, et je pense que le début donne le ton, c'est la comparaison et l'utilisation du langage religieux. Travailler pour l'administration se fait par foi, on prie beaucoup et on s'en remet très souvent aux mains du créateur. Mais l'idéal de tout nouvel arrivant, c'est de devenir dieu.

Le livre est d'un grinçant comme j'aime; on suit notre personnage au long de sa vie, les choix qu'il peut faire pour progresser dans sa condition, ses rapports avec ses collègues et ce but final insensé qu'il se donne, non pas pour vivre mieux mais pour clamer à la face du monde qu'il pouvait le faire.

Et vous, jusqu'où seriez vous prêts à aller ?

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Commentaires
C
Pas très loin non plus ! Je partage avec Audrey H une expérience d'épuisement physique et nerveux suite à plusieurs mois d'heures sup acceptées et même recherchées pour renflouer mes caisses. Depuis, je suis partisane du "être mieux payée" plutôt que du "travailler plus" qui est une vraie escroquerie.
F
Surtout comme tu le dis réussir à préserver l'équilibre entre la vie professionnelle et la vie perso. Et cela ce n'est pas le plus facile.
B
Hi3> Je l'espère bien pour toi.<br /> <br /> Audrey> De toute façon, je pense qu'il faut savoir dire non, bien séparer sa vie professionnelle de la privée et s'éclater en dehors du boulot. Sinon, comme tu le dis si bien, on rique d'y perdre beaucoup.
A
Par le passé, il m’est arrivé d’atteindre la limite de mes forces physiques : effet conjugué du travail jusqu’à pas d’heure, ainsi que du temps passé dans les transports.<br /> <br /> Je serai désormais plus vigilante, mais peut-être fallait-il justement en passer par là pour prendre conscience de la juste distance à conserver en termes d’investissement professionnel, entre les demandes de la hiérarchie et ses propres capacités nerveuses et physiques. <br /> <br /> Après avoir vécu une telle expérience on comprend alors que l’on se doit de respecter cet équilibre, faute d’y laisser sa santé... et risquer d’y perdre son âme.
H
Pas bien loin, sans doute...<br /> *smilette songeuse et dubitative*
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