Sage soulagement
"Vas y, raconte".
Et alors, il m'a tout déballé; le client,
tellement important, qui lui avait proposé une somme plus que
rondelette pour aller espioner un de ses concurents; l'expédition se
soldant par un échec; les locaux vidés, comme un leurre; la somme
d'argent non remboursable parce que déja engagée; la peur du
rendez-vous futur; les insomnies dûes à cette attente.
Poverino, il cherchait une solution à son problème, une quadrature du cercle instantannée, un coup de baguette magique de sa
maraine de fée.
En parlant, ses yeux papillonnant étaient passés de mon visage à ma
tasse en passant par la table, les quelques consommateurs accoudés au
bar, les différents luminaires, le cendrier et, à plusieurs reprises,
mon décolleté.
Ses paupières avaient du mal à rester ouvertes, il
lui fallait du repos pour envisager la journée et, surtout, la soirée à
venir d'un oeil plus neuf.
"Je vais réfléchir à la question. En attendant, tu as besoin de dormir".
Je
lui ai alors proposé mon canapé, en pensant à mon lit, sachant qu'il
aurait, sinon, farouchement refusé. J'ai presque été obligée de le
trainer jusque dans ma chambre. Il s'est endormi légèrement
recroquevillé, la tete sur mon ventre, la main gauche m'éfleurant
légèrement le sein droit, comme un bébé vérifiant qu'il est toujours là.
Quand l'idée, si simple pourtant, m'a traversé l'esprit, j'ai failli le réveiller. Puisqu'il n'avait rien trouvé, il n'avait qu'à inventer.