Un film qui a du chien
J'ai regardé hier soir, sur Arte et en version originale, le film 'Dogville' que je n'avais pas eu l'oportunité d'aller voir en salle.
Avant
d'aller plus loin il me faut vous prévenir que je suis un
inconditionnel de Lars von Trier que j'avais remarqué dès son premier
long métrage 'The element of crime', polar très étrange tourné dans des
couleurs jaune pisseuses, dans une humidité permanente. Était venu
ensuite un autre ovni cinématographique, 'Epidemic', un film noir et
blanc avec incrusté en permanence et en rouge le titre du film
racontant l'histoire d'une équipe de scénaristes qui, évoquant avec une
telle réalité une épidemie de peste en déclenchait une nouvelle.
Ont
suivis une évocation de l'Allemagne juste après guerre, 'Europa', une
série pour la télévision mettant en contact les malades d'un hôpital
avec le fantôme de certains patients malheureux, 'L'hôpital et ses
fantômes', 'Braking the waves' et les 'Les idiots', très remarqués à
Cannes et, pour finir, avant celui qui concerne ma note, 'Dancing in
the dark', mélo atypique.
'Dogville', sans vouloir déflorer le
sujet, raconte l'intrusion dans une toute petite ville, quinze adultes
plus les enfants, d'une fugitive dont on ne sait rien. Elle cherchera à
se rendre utile et finira par subir les rancoeurs de tous les
habitants, leur mesquinerie, leur violence et leur lacheté.
Lars von
Trier a pris le parti d'accentuer le coté parabole en tournant le film
en studio, dans un lieu extrèmement confiné, les bâtiments étant
visibles par des marques au sol avec le nom des occupants écrit
ainsi que le nom des rues. Et puis, il n'a pas lésiné sur les
interprètes puisqu'à part Nicole Kidman qui porte le rôle principal, on
croise Lauren Bacall, Ben Gazzara, Jean-Marc Barr, James Caan et la
voix de John Hurt.
Malgré ce parti pris, ou sans doute grâce à
lui, on est comme au théatre, comme au bon théatre, happé par les
personnages, par leur présence tout comme on est déplacé hors le temps
malgré une situation historique marquée, la dépression, par les
costumes, les voitures. Par contre, l'outil cinématographique est
utilisé pour découper certains plans, tourner autour de personnages,
montrer une scène sous des angles différents, nous faire palper
l'esprit des personnages autant que leur quotidien.
La morale de l'histoire n'est pas très belle à entendre, les victimes pouvant, selon les circonstances devenir des bourreaux, comme il est facile d'abuser de personnes en situation de faiblesse; ce n'est pas nouveau, nous pouvons le voir dans l'actualité de chaque jour, mais c'est bien de le dire dans une fable qui laisse un goût amer au fond de l'esprit.
Je ne saurai donc, vous l'aurez compris, que vous conseiller de voir, revoir ce film curieux, fascinant et magnifiquement interprété et réalisé, sur grand ou petit écran en fonction de vos possibilités. Je ne pense pas que vous le regrettiez.