Un discours qui en dit long
Quel beau discours que voilà. Notre président (que Dieu lui prête longue vie), a présenté hier au Sénat les grandes lignes de sa politique concernant la sécurité sociale et les retraites.
“ Notre système social n’est pas tenable financièrement. Il ne l’est pas, les Français doivent le savoir.“
Mais il oublie de dire pourquoi il n'est pas tenable financièrement. C'est peut être à cause des exonérations de cotisation répétées au fil des ans. Plus de vingt millions d'euros de manque à gagner de ce côté là (pas tout à fait, une partie de nos impôts servent aussi à ça, payer la part des entreprises). L'accroissement du chômage, quoi qu'on en dise, ajout à ce manque à gagner une quantité non négligeable de cotisations. Pourtant, l'argent ne manque pas; les entreprises du CAC40 ont encore vues leurs profits s'envoler (+22% en 2004). En 2006, elles ont distribué plus de quatre vingts milliards d'euros à leurs actionnaires. Le système est donc tenable, à condition d'en avoir la volonté politique, instaurer une véritable solidarité entre tous les citoyens et ne pas en exclure les plus riches.
“ Notre système social décourage le travail. Il décourage d’embaucher. Il décourage de reprendre un emploi.“
Revoilà le credo du MEDEF, les entreprises n'embauchent pas par ce qu'il est difficile pour elles de licencier. Mais elles ont dit aussi que pour faciliter l'embauche, il fallait réduire les cotisations sociales (voir plus haut). Pourtant, le chômage a augmenté, les emplois créés furent précaires, mal payés. Pourquoi suivre encore les préconisation d'une organisation alors que ses expertises précédentes ont toutes été erronées.
Autre sempiternel allusion, toucher une allocation durant votre période de chômage dissuade de retrouver un emploi. Là aussi, il faudrait aussi parler d'histoire. Les caisses de solidarité ont été créées dans de nombreuses corporations pour pallier aux aléas de la vie, problème de santé, décès, vieillesse. C'est ce principe qui a été étendu à l'ensemble de la population française. Aujourd'hui, on voudrait d'un trait de plume effacer plusieurs centaines d'années, remiser au rang d'antiquité les principes de solidarité tout en inculquant un sentiment de culpabilité aux victimes des licenciements.
“ Quant aux dispenses de recherche d’emploi, elles seront progressivement supprimées pour ceux que cela concernera à l’avenir. “
Comment peut on être aussi cynique ? Aujourd'hui, combien de personnes de plus de cinquante ans ne retrouvent pas de travail après une période de chômage ? Seuls 37% des plus de 55 ans ont un emploi. Que cherche-t-on à faire là d'autre que faire ressembler la France à d'autres pays d'Europe où les vieux sont contraints d'accepter des petits boulots pour pouvoir subvenir à leurs besoins ? Encore une fois pensez, pauvres quinquagénaires, que si on vous met à la porte c'est parce que vous coutez trop cher et qu'il vaut mieux prendre un ou deux stagiaires peu ou pas payés pour faire votre travail; vous n'allez tout de même pas cracher sur un emploi de manutentionnaire, à temps partiel, dans un super marché pour vous permettre de vous achetez vos pâtes ?
Cette note est déjà longue, je passe sous silence (pour le moment) le combat contre les régimes spéciaux qui sont entourés de poncifs et de manque d'information, combat qui cache celui qui viendra pour vous voler vos retraites à vous, par la suite.