Tout ça pour ça
Les yeux, qui encore restent ouvert sur la nuit si peu noire de nos villes, fixent les chiffres du réveil. Foutu sommeil qui ne vient pas, foutue nuit qui finira alors que la fatigue sera encore accrochée aux neurones. Tourner et se retourner ne change rien à l'affaire, les images défilent mais le sommeil ne vient pas.
Je repousse la couette d'un pied rageur et remonte l'escalier. Je vais chercher la bouteille de whisky, celle qui est entamée, m'en verse un bon verre et le redescend avant d'en descendre le contenu, bien au chaud entre les draps.
J'ai dû dormir puisque je me réveille. Les chiffres ont changé, un signe qui ne trompe pas. Pourtant si peu d'écart, si peu de réparation. Je retourne chercher un peu de carburant réparateur, un peu de réconfort dans cette nuit de brute, un peu d'oubli du moment où il faudra se lever, pour de bon cette fois.
J'aurais dû prendre la bouteille, j'aurais évité ces allées et venues, réduit l'espace qu'il y a entre la coupe et les lèvres. Je sens le poison brulant parcourir le chemin qui mène à l'estomac et semble me faire du bien, me permet d'oublier que je n'arrive pas à oublier, me donne un semblant de sommeil peuplé de démons et de merveilles. Le lever sera un désastre que l'eau de la douche aura bien du mal à cacher.
Et après le jour reviendra la nuit avec son cortège d'appréhension; sera-ce la bonne ? Je n'ai plus aucun doute, au lit boit qui mal y pionce.