La musique adoucit les nuits
Se coucher un samedi soir à une heure du matin n'a rien d'extraordinaire, rien d'exceptionnel et je suis sûr qu'il y en aura d'autres. Par contre, ne pas pouvoir dormir avant deux et demie parce que la musique jouée quelque part dans l'immeuble semble aussi forte que si sa source était sous le lit, l'est. Nous voilà, Mélisande et moi, nous rhabillant en rallant comme des voleurs et partant à la recherche, non des sources du Nil mais de celle plus proche du bruit.
La recherche ne fut pas longue pour aboutir à un appartement du premier étage. Le son audible depuis la porte était sans aucun doute l'origine de nos nuisances. Je sonne à la porte. Deux fois, la première n'ayant rien changé. On coupe la musique et une voix féminine se fait entendre derrière la paroi.
- Qui c'est ?
- Vos voisins du dessus qui aimeraient bien dormir.
La porte s'ouvre sur une petite jeune femme brune tenant de la main gauche un drap pour cacher une nudité que l'on pouvait deviner.
- Mais enfin, c'est samedi !
L'argument semblait irréprochable, comment pouvions nous nous plaindre puisque c'était jour de congé.
- Si vous n'êtes pas content, vous n'avez qu'à habiter ailleurs !
Voilà, c'est la tendance aujourd'hui. Le droit nous permettait d'appeler la police pour le faire respecter, nous avions choisi la discussion, nous n'avions en réponse que hargne et colère. Les gens pris en faute ne savent se défendre qu'en insultant ou en retournant la faute vers leur victime.
La musique n'est pas revenue, il n'y a pas eu de pugilat, finalement tout va bien; mais la nuit fut courte.