Au service de qui ?
J'ai toujours hésité à parler de mon travail ici même si, parfois, je faisais allusion à un collègue ou à un autre. Mais il me faut aujourd'hui relater une réunion que mes responsabilités de délégué du personnel m'ont amené à suivre il y a peu. Comme dans beaucoup d'entreprises, nous parlons beaucoup lors de ces entretiens des relations entre les employés et leur hiérarchie; d'autant plus dans notre cas, quand dans une même petite équipe une personne se fait licenciée et que trois autres démissionnent dans la même semaine. Il y a de quoi, avouez le, se poser quelques questions. J'ai voulu illustrer l'information d'un trait d'actualité en signalant qu'il fallait peut être éviter d'ouvrir les yeux seulement après un ou plusieurs suicides comme chez l'ancien opérateur de téléphonie historique.
C'est là que Guglielmo, lui aussi élu par des employés, prend la parole pour dire qu'il faut relativiser les choses, que le taux de suicides dans cette entreprise n'est, somme toute, pas supérieur à la moyenne des entreprises françaises.
Comment peut on à ce point gommer l'humain, balayer d'un revers de main l'importance d'une vie ? Un suicide est toujours un de trop, même si beaucoup de facteurs extérieurs entrent en jeu. Et il ne faut pas oublier que ce n'est que le passage à l'acte, ce qui est visible par tous; il ne faut pas oublier les souffrances physiques induites par le stress, les souffrances psychiques compensées par les médicaments, par les dopants, l'alcool.
J'en suis resté muet, malheureusement, craignant trop de violence dans ma réponse. Et puis, je ne voulais pas le stresser...